Julien Granel est un anarchiste de l’outfit of the day. Pourquoi ? Parce que les couleurs disparaissent progressivement depuis une cinquantaine d’années, des armoires et des décorations diverses. C’est le constat de l’enquête de David Castello Lopez, qui observe un assombrissement général vers des couleurs neutres et mornes.
Il y a quelques jours, on est passé à l’heure d’été. Nous voilà maintenant calé·es au mieux avec le rythme de la vie, on voit la lumière du soleil après 20h, etc. Mais les couleurs, elles sont passées où ?
Depuis les locaux de Radio Nova, on observe au fil des années des murs blancs être décorés de photos aux couleurs vives, et des studios plus frais, plus clairs, plus colorés. Pourquoi cet exemple ? Ben par ce que c’est (judicieusement) le seul qu’on a sous la main. En effet, c’est un peu à contre-courant de ce qui se fait ces cinquante dernières années : le monde perd de ses couleurs.
C’est ce sur quoi a enquêté David Castello-Lopez, qui a rafraîchi une étude de Médiapart sur la plateforme d’Arte. Il explique que la vie, le mobilier, les voitures et les vêtements, étaient plus colorés dans les années 1970.
Prenons un exemple que tout le monde peut reproduire assez facilement chez soi. Si vous avez près de chez vous un Monoprix, il y a en ce moment une collection “home” qui reprend les codes des années 70, attenante à une collection plus actuelle. Le contraste est flagrant : d’un coté, du orange fluo, du jaune, du rouge, du bleu, dans tous les sens et de l’autre du beige, un peu de marron, du blanc et quelques touches de gris.
Les expert·es confirment la théorie Monoprix
Le Science Museum de Londres a établi en 2020 une chronologie des couleurs qui composent les objets, de 1800 à notre époque. Le principe est simple : prendre des photos d’objets divers et les pixeliser avec une machine. Celle-ci sort un graphique de toute l’amplitude colorimétrique par époque.
Le résultat, c’est le même que l’exemple de Monoprix. En effet, au début du siècle, on dénombrait des milliers de gammes de couleurs différentes dans les objets de notre quotidien. Et aujourd’hui, comme plus ou moins depuis les années 1940, le noir, le blanc, le gris et le beige prédominent largement.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui uniformise les couleurs dans un monde où des écrans led couleur coûtent 2300 balles ? Certain·es expert·es esquissent un élément de réponse en zoomant sur notre société d’hyperconsommation, dans laquelle il est plus simple de revendre un iPhone 16 pro gris sidéral à une jeune cadre dynamique que s’il avait été rouge pétard. Une autre hypothèse se concentre sur les sensations que nous procurent les couleurs, parfois incompatibles avec les habitudes de consommation qu’on aimerait nous imposer.
Colorez vos vies en colorant vos tee-shirts
Notre idole anarchique de l’outfit of the day, Julien Granel, arbore une petite moustache bien taillée, mi Gérard Jugnot, mi Georges Harrisson, jamais sans son complet rouge fluo, toujours les cheveux d’une teinte nouvelle. Ses choix vestimentaires plutôt colorés lui ont valu moqueries comme adorations. L’artiste fait un peu de la résistance dans un monde où on a le choix entre un t-shirt noir, un t-shirt bleu marine, et un t-shirt de couleur. Nous, on se dit qu’on ne le mettrait pas tous les jours, et lui si.
Donc la prochaine fois que vous choisirez ce pull de mi-saison, cette veste, ce téléphone, demandez-vous si le vert sapin n’est pas un peu trop proche du noir, et évitez le mauve (c’est pas ouf pour le teint).