Un voyage, en musique, en pays irlandais.
Entre attachement viscéral aux musiques traditionnelles celtiques (la musique New Age et le phénomène Enya), une scène rock reconnue partout dans le monde (le mastodonte U2), une dynamique post-punk toujours très vivace (à Belfast, le succès inattendu de Fontaine D.C., ou celui de Girl Band à Dublin) ou expérimentations contemporaines très nichées (BICEP), l’Irlande, qu’il s’agisse de sa partie nord ou de sa partie sud, regorge d’une vivacité musicale débordante. « La musique coule dans nos veines », disent parfois les Irlandais lorsqu’on les interroge sur ce rapport si particulier qu’ils entretiennent avec la musique, qui ne cesse de muter et de se renouveler de ce côté-ci de l’Europe.
L’Irlande, c’est là ainsi que nous vous avons fait voyager, samedi dernier, à l’occasion d’Autour de Nova, notre rendez-vous bi hebdomadaire au sein d’une ville étrangère. Outre Les Voyages immobiles de Sophie Marchand qui, de Them à Slowfest Orchestra, nous proposait une visite immobile et donc fantasmagorique de l’île, voici une playlist, commentée par nos programmateurs, de ces morceaux qui proposent, eux aussi, un panorama de cette terre faite de vert, de diversité, et de beaucoup, beaucoup de musique. Bon voyage.
Enya, « Orinoco Flow (Sail Away) »
Au commencement il y avait Enya, celle qui représente à elle toute seule la vague « New Age » qui a déferlé au tournant des 90’s. C’est à ce jour la musicienne solo la plus vendue en Irlande (80 millions de disques dans le monde), et même si tout le monde n’y est pas sensible, Enya reste un OVNI musical impressionnant, qui a énormément puisé dans la tradition celtique de son pays (dont la langue gaélique) pour créer une pop étonnamment fédératrice.
Bell X1, « Flame (Chicken Lips Remix) »
L’Irlande est une terre de rock — outre les classiques U2, Thin Lizzy ou Ash —, on y trouve a aussi le groupe des années 90-2000 Bell X1 (dans lequel jouait un temps Damien Rice, lui aussi très connu en terres d’Irlande), un groupe ici revu et corrigé0 par le duo anglais Chicken Lips, qui remix le classique de Bell X1 « Flame ».
Fionn Regan, « The Underwood Typewriter »
Dans les années 2000, la scène folk irlandaise connaît un renouveau à l’international, en particulier grâce à quelques noms comme Damien Rice et Glen Hansard (connu pour son interprétation et ses compositions dans le film à succès Once). Parmi cette scène, il y a Fionn Regan, singer-songwriter plutôt discret mais influent, qui signait en 2006 The End Of History, magnifique premier album imprégné de la poésie de Seamus Heaney, de Bob Dylan, et de sa machine à écrire Underwood, à qui il dédie cette chanson.
Rejjie Snow, « Cookie Chips »
Ces dernières années, la ville de Dublin s’est révélée être un foyer pour le hip-hop, avec certaines révélations comme Hare Squead et Kojaque. Mais le pilier de cette scène rap dublinoise est sans aucun doute Rejjie Snow, artiste souvent joué sur Radio Nova (le morceau « Egyptian Luvr » notamment) qui propose une vision pop, plutôt douce, du genre, et s’est attiré un auditoire conséquent à travers le monde. Ici, un extrait tout récent de son nouvel album à paraître.
Moloko, « Sing it back (Herbert Remix) »
Si le duo Moloko était installé à Sheffield, en Angleterre, on y trouve à sa tête Roisin Murphy, qui vient bien, pour sa part, d’Irlande et de la petite ville d’Arklow. Avant de connaître une belle carrière solo (elle vient d’ailleurs de sortir un nouvel album), Roisin s’est faite connaître à travers Moloko avec Sing It Back — un tube qui a eu plusieurs versions (la plus connue étant en réalité un remix), dont celle-ci, remixée par le producteur anglais Matthew Herbert, qu’on retrouve d’ailleurs sur la toute première Nova Tunes de l’Histoire.
Yenkee, « Lucy »
De cette Irlande contemporaine et résolument tournée vers la modernité, on note la bedroom pop de Graham Cooney alias Yenkee, jeune musicien originaire de Cork, inspiré du hip-hop des 90’s comme de la folk. Ici, un titre dédié à sa fille imaginaire, « Lucy » celle qu’il aura peut-être un jour à moins qu’il ne la trouve, comme les Beatles, « in the sky, with diamonds ».
Sinead O’Connor, « Famine »
Parmi les grandes femmes irlandaises de la pop (outre Roisin et Enya), il reste encore à citer Dolores O’Riordan (chanteuse des Cranberries), et bien sûr Sinead O’Connor. Dublinoise pure souche, Sinéad est d’abord connue pour sa version du « Nothing Compares 2 U » de Prince, parue en 1990, puis pour ses prises de position engagées, politiques et anticléricales.
En 1994 paraissait son album Universal Mother. On y trouve le titre « Famine », brûlot mêlant spoken word et house, où Sinead chante notamment que la grande famine irlandaise « n’a jamais eu lieu », dans le sens où l’Angleterre a, selon elle, toujours privé le pays de ses ressources. Un morceau encore plus captivant en live.
Brame & Hamo, « Lamaj »
Enfin, il faut parler de la scène électronique irlandaise — souvent associée à Dublin, mais aussi à Belfast côté Irlande du Nord, notamment grâce au duo Bicep. Outre des noms comme Mano Le Tough, Krystal Klear , il y a Brame & Hamo, pour le coup maintenant installés à Berlin. Le duo a notamment composé un hymne à la légende du football irlandais Roy Keane. Ici, un titre paru en 2015, bel exemple de deep house aux harmonies jazz.
Visuel © Rejjie Snow