L’Assemblé a refusé d’inscrire son interdiction dans la loi.
C’était une promesse d’Emmanuel Macron. Une interdiction sous trois ans du glyphosate, un herbicide considéré comme « substance cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé. L’Europe, sous pression avérée des lobbies, peine à l’interdire, et ce malgré de nombreuses sonnettes d’alarmes tirées du côté des scientifiques indépendants, comme le rappelle Le Monde.
Les députés européens ont finalement adopté une « résolution non contraignante » en octobre dernier, qui demande (sans imposer) aux pays membres de l’Union Européenne d’interdire l’utilisation du glyphosate dans les lieux publics, et progressivement (sous cinq ans) dans le domaine agricole. Emmanuel Macron, au mois de novembre, avait annoncé une interdiction sous trois ans en France. C’est cette mesure qui vient d’être rejetée par les députés. Ceux-ci examinent depuis le 22 mai le projet de loi Agriculture et alimentation, en première lecture à l’Assemblée.
Un site mis en ligne par l’association écolo Agir pour l’environnement permet aujourd’hui de visualiser le vote de chaque député sur ce texte, grâce aux données compilées de l’Assemblée nationale et de nosdéputés.fr. « Une majorité des députés présents et le gouvernement ont rejeté cette interdiction, cédant à la pression du lobby agro-chimique », annonce la page d’accueil. Vingt députés seulement ont voté pour l’interdiction du pesticide, 63 contre, et 494 se sont abstenus.
Le rôle des lobbies
Le rôle des lobbies est particulièrement critiqué dans cette affaire. On cite notamment les pressions appliquées par Monsanto, le plus gros vendeur de glyphosate utilisé dans son herbicide phare, le Roundup.
Le 22 août dernier, le docteur Kurt Straif expliquait à Libération que le Circ, (Centre international de recherche contre le cancer de l’OMS), qui a classé le glyphosate comme cancérogène, a « été la cible d’un nombre d’attaques sans précédent, cherchant à détruire sa crédibilité. Ces attaques n’étaient pas sans rappeler les stratégies utilisées par l’industrie du tabac il y a quelques décennies. »
Des pressions également révélées par les « Monsanto Papers », des documents internes que la justice américaine a obligé le géant de l’agrochimie à rendre publics.
La firme est en effet sous le coup de procédures judiciaires, attaquée par un nombre croissant de malades ou de proches de victimes à travers le monde, qui dénoncent le glyphosate comme la cause de leurs maux, en général des cancers. À voir, sur le sujet, les documentaires de Marie-Monique Robin, activiste de longue date contre Monsanto, qui a elle-même subi de colossales pressions. Le Monde selon Monsanto, sorti en 2008 mais plus que jamais d’actualité :
Et Le Roundup face à ses juges, qui traite des procédures en cours contre la multinationale, sorti en 2017.
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