Vocabulaire pour une nouvelle ère.
Repenser le monde.
Nos habitudes, nos réflexes, les idées fausses, le conditionnement… en face des résultats et des perspectives du monde, la sacro-sainte croissance prônée par les entreprises, puis dictée aux états, va devoir marquer le pas. L’ an 01 ?
Grâce à un livre collectif et international, la question qui fâche, à savoir la « décroissance » ,- ce concept qui affole les économistes suivistes – , est enfin ordonnée et analysée par des spécialistes du monde entier.
Et, comme toujours devant les grands changements, nous sommes démunis. Malgré l’urgence, il nous faut d’abord reconnaitre que nous n’arrivons pas à inventer un façon de revoir le fonctionnement des sociétés.
Si on vous répète depuis toujours qu’il faut ajouter un étage à la maison pour l’ avenir de la famille, comment comprendre celui qui arrive et dit que l’on peut gagner de la place autrement ?
Ce livre de vrais spécialistes internationaux tente de prendre le problème par tous les bouts: état, industrie, économie, structures, monnaie, coopérative, associations, lois… mais aussi mythologie (du profit, du capitalisme, de la croissance…)
Les solutions pour gaspiller moins seront diverses : il faudra agir sur plusieurs leviers à la fois, pour juguler petit à petit nos démons de consommation.
Tous les penseurs et acteurs de l’écologie sont convoqués : de Denis de Rougemont à Pierre Rabhi , de Jacques Ellul à Serge Latouche, ou Cornelius Castoriadis ou Ivan Illich, Herbert Marcuse et même Simon Reynolds ( auteur de Retromania) et bien d’autres, car la partie a jouer est fine et demande des talents variés.
Car si un état ou un individu économise d’un côté, il dépense aussitôt son gain ailleurs, et parfois plus . Cet « effet rebond « est constaté partout, et prouve que la solution est plus compliquée . Les soldes font acheter plus… et superflu !
Autre bascule : l’état, les systèmes ( bancaires ou de services) seraient en train de jouer contre l’intérêt du citoyen, mais pour celui des multinationales ! Subventions, projets inutiles, dépenses incontrôlées, lobbying…
Mais pour tous ceux qui se sentent responsables, la « Croissance » est NON économique ! Il faut surtout calmer la croissance au nord de la planète, pour que le sud puisse respirer.
Des idées comme les « basses technologies » ( Low Tech ) moins gourmandes et plus contrôlables, les petites unités de production ( Small is beautiful) font partie de la solution , de même que la sylviculture ( ! ) ou encore les champignons !!!
Ce mélange hétéroclite pour vous montrer à quel point la DECROISSANCE doit réduire, par tous les moyens, la spirale du pillage – gaspillage.
Mais aussi la sobriété heureuse, la frugalité choisie, la prise de conscience de chacun de nous, que le bien-être a été mal orienté, vraiment mal.
Le chapitre sur la dépense, cite Georges Bataille: les « dépenses improductives , luxe, deuil, guerre, culte, palais, jeux, spectacles, arts, sexe ! La Nature de l’homme est de gaspiller. Au départ des offrandes aux dieux, donc sacrées , puis ce sera les plaisirs, vices, excès, cette part maudite de l’humanité. Une vieille malédiction.
Mais pour changer, trouver des idées, il faut écouter les autres, voir leurs tentatives, mesurer les avancées, être modeste et avoir le plus d’informations possible, afin de décrasser nos cerveaux englués et retrouver notre libre arbitre.
Lire Décroissance est un vrai pas dans cette direction . Courage !
DECROISSANCE . Vocabulaire pour une nouvelle ère .
Collectif coordonné par Giacomo d’Alisa. Federico Demaria . Giorgios Kallis
Editions Le passager Clandestin. 523 pages . 25 Euros .