« Jaguar enragé » par la crise vénézuélienne, cette musicienne de Belleville souhaite la ruine du capitalisme, laissant place à un système d’échange de savoirs ayant fonction de monnaie, « grâce aux vibrations du cerveau ».
Quand elle est en colère, La Chica se métamorphose en jaguar et crache deux nouvelles chansons acérées. La première, Venezuela, dévoilée mi-juin, illustre par sa sécheresse – flot mitraillette, percussions abrasives – l’effondrement économique et social de ce pays d’Amérique du Sud où neuf millions de personnes souffrent de la faim, tandis que cinq millions (un habitant sur six) ont fui, depuis 2014, la dictature criminelle de Nicolas Maduro. « Ce morceau est né d’un énième rêve sur la crise au Venezuela et les coupures d’électricité infinies qui rendent la vie impossible. J’y exprime ma tristesse et ma rage et dénonce un Venezuela obscur, privé de lumière, privé d’espoir. »
La seconde, La Serpiente, libérée début juillet, est un onguent de transformation chamanique, transe miniature tissée de larmes et de danses, propice à la mue. Le titre du premier album de cette pianiste, chanteuse et compositrice de Belleville – née Sophie Fustec à l’état-civil, fille de Vénézuélienne – n’était-il pas déjà Cambio (2019) ?
Pour le futur, La Chica espère la ruine du capitalisme, qui laisserait place à un système de troc de connaissances et d’expériences ayant fonction de monnaie d’échange, par transmission de pensées, « grâce aux vibrations du cerveau ». Les arbres ne seront plus abattus pour produire du papier, le pétrole – dont le Venezuela est l’un des premiers producteurs mondiaux – restera sous la terre. Et cette reconnexion d’envergure internationale avec la nature nous aura permis d’acquérir, tels des « semi-mutants », la capacité de faire surgir à n’importe quel moment l’« animal-totem » qui sommeille en chacun de nous. « En quête des couleurs disparues », le jaguar publiera à l’automne avec un mini album piano-voix et sortira les griffes le 29 janvier 2021 à la salle Gaveau, Paris.
Visuel : La Chica.