Cette semaine, le festival Magic Barbès à Paris se décline dans divers lieux du 18ᵉ arrondissement. Outre les rendez-vous festifs et les performances, c’est aussi l’occasion d’alerter sur un phénomène de société préoccupant.
Pour sa 12e édition, le festival Magic Barbès conjugue performances, concerts, conférences et tables rondes. Dans ce vaste programme, qui comprend des initiations à la street-dance, la table ronde “Urgent : engagement” autour de l’urgence climatique et la justice sociale, le concert du duo rock post-apocalyptique Undergods ou l’exposition du photographe Cebos “Goutte d’or Social Club”, un documentaire a attiré notre attention…
Son titre à tout d’un slogan : “Stop Dépigmentation”, car c’est bien là la volonté de ce long-métrage produit par l’association francilienne Esprit d’Ebène, qui s’intéresse à un phénomène qui touche les populations à la peau noire, foncée (ou simplement non-blanche) partout dans le monde : la dépigmentation artificielle de la peau, c’est-à-dire l’action d’appliquer des produits et traitements sur sa peau dans le but de la blanchir.
Rappelons que ces produits que l’on applique sur la peau sont souvent nocifs, corrosifs et entraînent des complications durables sur le corps des personnes touchées. En 2019, une étude de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes nous apprend que 60% des produits dépigmentant ont un impact négatif sur la peau.La mission de “Stop Dépigmentation” est d’alerter sur cette pratique répandue comme nous l’apprend Mams Yaffa, membre de l’association Esprit d’Ebène, joint par téléphone.
Lors de notre échange, le M. Yaffa nous détaille les facteurs qui peuvent pousser une personne à enclencher une dépigmentation artificielle de leur peau, des facteurs qui varient selon les individus et leur environnement “si on prend l’Afrique subsaharienne, c’est sur la question des idées reçues et sur la question des codes de beauté. La dépigmentation donnait accès à l’Occident et l’idée de s’éclaircir la peau permettait aux femmes de ressembler aux femmes rencontrées lors de voyages. Dans les croyances, la couleur de peau pâle était associée à la réussite“ nous confie Mams Yaffa.
Selon lui, c’est également l’histoire ancestrale de l’Afrique qui influe ces hommes et femmes à se blanchir la peau. “On dit que les femmes blanches, ça porte chance et que quelqu’un à la peau claire aura plus de facilité à se marier.” Toutes ces idées reçues, instaurées et répétées à travers les générations, participent donc à la banalisation de cette pratique nocive.
Il faut garder en tête que les sociétés de cosmétiques ont aussi un rôle à jouer en montrant une majorité de profils de personnes blanches sur les packagings ou dans les campagnes de publicité. On fait ainsi rentrer dans la tête des consommatrices et consommateurs que la peau blanche est vectrice de beauté, ce qui peut de ce fait pousser des personnes à se blanchir le derme.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur ce phénomène préoccupant et peu médiatisé, le documentaire Stop Dépigmentation sera donc diffusé ce soir à 18H à La Maison de la Conversation en présence de l’équipe du film.