L’avenir planétaire de PE, c’est pour bientôt !
Crédits Alex Menjivar
On ne vous présente plus les Piknic Electronik de Montréal… Ce géant originaire d’Outre-Atlantique a encore fait des siennes pour cette édition 2015. En habitués des lieux, Nova s’y est rendu tout au long de l’été pour profiter du havre de paix bucolique qu’offre le Parc Jean Drapeau, situé sur une île au large du downtown montréalais. Enfin havre de paix… C’est sans compter sur les performances électriques des DJ locaux et internationaux venus proposer une alternative aux citadins, tannés d’endurer les températures caniculaires de la ville. Quoi de neuf sur la planète Piknic pour cette 13ème édition ?
Un must montréalais
Monsieur Michel Quintal, en bon maître des lieux et fondateurs originel de l’événement le plus attractif du moment, nous a pris entre ses mains d’experts pour nous conter la genèse, la réalité et l’avenir de cet événement maintenant mondialisé. Pour notre part, on a essayé de savoir quel était LA recette du succès, qui permet d’organiser des évènements semblables dans autant de lieux divers et variés que peuvent compter des métropoles comme Montréal, Barcelone, Melbourne, ou même Dubaï… ! La réponse ? Etre à l’impulsion d’une nouvelle manière d’envisager la manière de consommer la musique, et avoir la volonté de s’investir dans un pari risqué mais novateur pour l’époque. Notre ami Michel Quintal et sa troupe de fidèles, ont débuté dans l’électro game en tant que fêtards fans de techno et autres musiques nouvelles, puis chemins faisant ils ont acquéri une casquette d’entrepreneurs talentueux et redoutables dans le monde de l’évènementiel à Montréal. Comme il nous l’a expliqué l’année dernière ici, les « PE » étaient l’occasion de démocratiser une musique électronique trop longtemps diabolisée – synonyme de décadence et de drogue à outrance – pour l’amener en extérieur dans un décor plus relax et agréable. Une idée simple et évidente en somme. C’est ainsi, que le parc Jean Drapeau est devenu le rendez-vous obligatoire pour tous montréalais qui se respectent. La rudesse de l’hiver, comparable à ceux connus en Sibérie, aidant à rendre la période estivale précieuse pour les habitants. Puisque l’été ici n’a pas la même saveur qu’ailleurs, il fallait un événement culturel à l’image de la douceur de vivre retrouvé. Les Piknic Electronik sont l’exemple parfait de ce combo qui marche. « Peu importe le besoin que tu as, on peut l’assouvir. L’idée serait de pouvoir répondre à l’impératif : « Il fait beau, on va au Piknic Electronik ! », nous confie Michel Quintal. Voilà comment on parvient à graver en lettres d’or l’histoire d’un festival intimement lié aux particularités de sa ville et de son environnement de naissance.
Crédits Michel Rousseau
De Montréal à Dubaï… L’exercice d’un label de qualité.
Cette année, les festivaliers ont découverts un programme haut en couleur. Le format ne diffère pas, le plus gros des évènements se déroulent sous l’inoxydable sculpture du parc Jean-Drapeau. Mais pas seulement. Tenant sa place d’expert et d’ambassadeur montréalais attaché à l’attrait de la scène électronique locale, la team des PE n’hésite pas à se retrousser les manches pour entamer des collaborations afin de promouvoir d’autres acteurs de la culture de la ville. C’est le cas notamment de la « Van Horne Station », qui avec le Festival Mural et les Premiers Vendredi, propose un événement avec un éclairage urbain où street art cohabite avec musique. Des artistes seront invités pour peindre sur les surfaces bétonnées du viaduc, tandis que la fête bat son plein en contrebas ! Une véritable réussite de cette session 2015 !
Maintenant qu’il ne fait plus aucun doute de la place de pionniers que tient l’évènement dans l’animation de la cité québécoise, l’aventure ne pouvait se limiter qu’au Canada. Chaque nouvelle année, le Parc Jean Drapeau enregistre des records de fréquentation, passant de quelques 5000 participants en 2003 à près de 100 000 en 2014. Mais pourquoi autant de popularité ? Il faut souligner que le pilier nord-américain est financé sur une base majoritaire de fonds propres et de commandites. Très peu d’aides gouvernementales leurs sont attribués, de sorte que seul une recherche de développement constante peut leur permettre d’être effectif au grès des saisons. « On est obligé d’avoir un standard de qualité élevé. Si les jeunes ne trouvent pas leur compte, ils ne viendront plus et nous dépendons énormément de ça » explique Michel. Pensez à un des DJ que vous estimez être en vues en ce moment… Il est obligatoirement passé au PE. Jamie XX ? 2014. Floating Points ? 2015. Nicolas Jaar ? 2010. Margaret Dygas ? 2012. Fairmont ? 2013. Boddika ? 2015. Et je pourrai encore continuer la liste sur de longues pages… Une programmation orientée sur des noms internationaux que l’on connaît très bien en Europe, mais qui détonne un peu avec le paysage musical EDM dominant, qui commence à s’essouffler en Nord-Amérique. « Il y a eu quelque chose comme 560 festivals de musique électronique qui sont nés en Amérique du Nord au cours des 5 dernières années… Majoritairement, EDM. Il y avait de l’argent à faire là dedans… Je pense que les gens vont devenir plus regardant à présent. Cela a été une porte d’entrée dans la musique électronique pour certains. Or, des trucs comme Guetta ou Calvin Harris, les gens ne vont pas y rester accrochés longtemps. Ils vont en vouloir plus… ». Au Canada, il n’y a pas la même culture musicale orientée sur la techno et la house comme c’est le cas en Europe, très largement influencé par l’Allemagne, la France, l’Angleterre ou même les pays scandinaves. Les habitants du nouveau continent auront en majorité tendance à aimer les sonorités électroniques de turbines assassines d’un Diplo par exemple. Et, c’est là que la programmation des PE va avoir un impact de formateur à l’égard des nouvelles oreilles converties, de leaders d’opinions sur certains styles musicaux, et même de défricheurs de talents. Sachez que beaucoup d’artistes québécois ont été lancé par le géant montréalais. Toutefois, le public ne cesse d’être exigent, puisque l’offre festivalière pullule depuis quelques années. Les prestations évènementielles se doivent d’être grandioses, faut que ça déménage ! « Tu ne peux plus te permettre d’envoyer quelques confettis, maintenant il faut donner au public une expérience unique. », explique Mr Quintal. Freddie Mercury n’aura jamais été aussi visionnaire : Show must go on. Et ça tombe bien, on expérimente cette croyance à Montréal mais ailleurs aussi. Barcelone, Cannes, Lisbonne, Melbourne, Dubaï et bientôt Sydney. D’autres villes sont à venir mais confidentialité oblige !
Version australienne des PE.
En route vers un tour du monde des PE !
Un nouveau phénomène a vu le jour le « travel music ». Pas besoin d’être polyglotte pour comprendre, cela consiste à prendre ses vacances en fonction des évènements musicaux estivaux. Avouez que vous avez déjà envisagé de prendre quelques jours pour courir le grand frisson dans le désert de Black Rock pour le Burning Man… Cette nouvelle dynamique est un facteur non négligeable pour les promoteurs d’évènements mondiaux comme l’incarne Michel Quintal. Si le public garde un souvenir mémorable de Montréal, il y a des chances qu’il se déplace à Barcelone ou même à Melbourne dans un événement estampillé « PE » pour joindre l’utile à l’agréable. Une petite session escapade sur la grande barrière de corail australienne ? Dis donc mais c’est qu’en même temps, il y a un set de M.A.N.D.Y prévu en plein centre de la ville dans un parc trop mignon ! Affaire réglée, ticket booké. Maintenant, la question est de savoir : jusqu’où ira cette aventure dans le futur ? Vous êtes sur le point de conquérir le monde Michel, alors s’il vous plaît dites nous en plus !
« Disons qu’avec le circuit des villes que l’on aura, je voulais établir des tournées pour les artistes… Essayer de faire ressortir les talents locaux de chaque ville et chaque pays, pour les amener ailleurs. Il y a énormément d’artistes qui sont excellents mais qui ne deviennent pas des vedettes internationales. L’idée serait de leur donner la chance de faire une tournée… Comme un label PE ! ». Nous y venons ! Bientôt naitra une écurie des Piknic Electronik, comme l’a popularisé Redbull avec son « academy ». Attention Michel nous prévient qu’il ne s’agit que d’une idée, d’un fœtus en gestation même pas rendu au stade de projet viable. En attendant, consolons nous sur la prochaine échéance complètement « fucké » que nous prépare une fois de plus la team PE : L’igloofest ! Même concept que le PE, à peu de chose près que les températures ne grimpent pas au dessus des – 10 ! Eh ouais, le festival porte bien son nom !
Conclusion : qu’il pleuve, qu’il neige, ou qu’il vente, Montréal répond présente à sa réputation de métropole culturelle hyperactive.