Hommage à l’artiste burkinabé Baba Commandant, bel artificier de l’afrobeat mandingue.
Au moment où le festival Africolor bat son plein dans plusieurs villes de la Seine-Saint-Denis, comme chaque fin d’année jusqu’au Noël mandingue du 24 décembre, nous rendons hommage à un artiste récemment décédé : Baba Commandant. Le burkinabé nous fut révélé en 2015 par ce même festival, rendez-vous incontournable des scènes artistiques africaines, caribéennes, des îles de l’océan Indien et leurs diasporas.
Mamadou Sanou alias Baba Commandant, fils de Bobo-Dioulasso — la deuxième grande ville du Burkina Faso après la capitale Ouagadougou — s’est éteint le samedi 25 novembre à Bobo, à la grande tristesse de ses fans du monde entier. Le jeune quinquagénaire était en pleine montée de notoriété, confirmée par deux tournées réussies aux États-Unis en 2023, et un nouvel et troisième album publié par le label américain Sublime Frequencies.
Afrobeat, mélodies mandingues, roots, funk…
C’est à Bobo-Dioulasso que l’artiste fait ses premières armes en tant qu’artiste, danseur puis multi-instrumentiste avant de choisir son instrument de prédilection, le luth kamale n’goni qu’il apprend en autodidacte. Cet ovni musical de la scène ouest-africaine a su créer un mix roots & funk alliant afrobeat, mélodies mandingues et messages d’éveillé « sur les méfaits de la pollution ou la dépendance d’États africains aux ordres des anciennes métropoles coloniales », me précisait Baba Commandant au sortir d’un showcase pour les Rencontres musicales REMA en décembre 2022 à Ouagadougou.
Baba Commandant, ancien partenaire musical du chanteur Victor Démé, menait une carrière solo depuis 2015. Il était accompagné sur scène par son Mandingo band et produit par le Français Camille Louvel, créateur du festival Africa Bass Culture à Ouaga et fondateur du studio Ouaga Jungle. Son nouvel et dernier album de son vivant, Sonbonbela, a reçu un accueil enthousiaste lors de ses tournées aux États-Unis (une quarantaine de dates !). L’année 2024 s’annonçait bien. Hélas, la carrière tardive de l’artiste a été coupée en plein élan. Restent la voix tonitruante de cet admirateur de Fela et Moussa Doumbia et son puissant mix afrobeat mandingue où balafon et luth n’goni se conjuguent aux guitares et batterie assassines.
Pensons à nos enfants de demain !
Baba Commandant
Parmi les chansons fortes de ce nouvel album composé pendant la pandémie du coronavirus : « Chasser les sachets » ! « Une chanson contre les déchets, les sacs plastiques qui sont partout dans notre environnement. Pensons à nos enfants de demain ! J’ai voulu sensibiliser sur la pollution et le changement climatique ». Mais aussi, le titre éponyme de l’album, Sonbonbela « À chacun son caractère… Et on est fier d’être burkinabé ».
Adieu Baba Commandant et merci pour la musique ! Ne manquez pas d’écouter l’émission spéciale Baba Commandant proposée par Mathieu Girod, notre confrère de Nova Lyon, dans Nova dans la gueule du monde. C’est ici !