BR … Battle Royale ? Brigate Rosse ? British Rail ? Dans le Sud-Ouest, ce sont aussi et surtout les initiales de Bordeaux Rock, une association dont nous avons eu maintes fois l’occasion de parler ici même, au gré de leur festival homonyme, de Musical Écran pour les plus cinéphiles, ou des autres évènements dont elle est à l’initiative (Écran Total, les Plages Pop, feu le French Pop, et autres concerts occasionnels). Vous savez donc, surtout si vous êtes plus friands de concerts que de cannelés, que ce sont des interlocuteur.rice.s de choix ; une sympathique association de bienfaiteur.ice.s qui, en dépit de leur nom, n’ont pas que des six-cordes à leur arc. Car, quand il faut croiser l’image et le son, jouer du DCP ou rameuter des tiqué.e.s du synthé, leur boulot en impose aussi.
Entr’ouverture de la porte à la jeune garde, salut aux glorieux.ses aîné.e.s, sensibilisation culturelle en collège, agitation des entrailles du vieux Bordeaux ou des littoraux du Bassin, diffusion des documentaires pointus sur les petites et grandes histoires de la pop, échanges internationaux, remplissage des clubs ou vidage des fûts : ce ne sont pas les missions ni les attributions qui manquent à toute cette fine équipe – Aymeric, Élodie, Richard, Céline, José, Cassandre, Camille – à qui nous avons ouvert le micro. Avec, en ligne de mire, un été qui s’annonce des plus chauds et des plus chargés.
Nova : Racontez-nous l’histoire de la structure. Quelle est sa philosophie, son identité ?
Bordeaux Rock : « Nous sommes une association qui a été fondée en 2004 par plusieurs activistes de la scène rock bordelaise de la fin des années 70 et début 80. Au début, l’idée était de raconter l’histoire du rock à Bordeaux avec la parution de compilations, couplée à l’organisation de concerts. La première édition du festival Bordeaux Rock a eu lieu en 2005 et on a aussi par la suite participé à la sortie de l’encyclopédie sur le rock bordelais (Bordeaux Rock(s) de Denis Fouquet et parallèlement à la sortie des rééditions d’albums de groupes fondateurs du rock bordelais (Strychnine, les Standards, Gamine, Stilettos…). Avec le temps, la partie live s’est développée et a pris le dessus au sein de l’asso au détriment du disque, et le spectre musical s’est élargi, allant au-delà du rock.
Au fil des années, d’autres manifestations sont venues s’ajouter au Festival Bordeaux Rock. Il y a dix ans, nous avons initié les Plages Pop, festival de musique pop organisé chaque été au Cap-Ferret. Mais aussi Musical Écran, festival de documentaires musicaux dont la 7e édition aura lieu en septembre à Bordeaux.
On a aussi des activités qui ne sont pas en vitrine et plus méconnues du public mais qui représentent désormais une part importante de notre travail à l’année : des projets d’action culturelle autour du documentaire musical avec plusieurs établissements scolaires et médico-éducatifs, mais aussi un volet européen avec l’organisation d’échanges culturels (musicaux et cinématographiques) en partenariat avec plusieurs festivals ou institutions du continent.
Depuis la création de l’asso et encore aujourd’hui, on peut dire que ce qui nous anime c’est ce goût pour la transmission et cette envie de partager notre curiosité et nos découvertes. »
N : Quelle est votre couleur musicale, votre ligne artistique ?
BR : « On a toujours eu à cœur de mettre en lumière la scène locale, voilà pourquoi, sur une année dite classique, on doit faire jouer un peu plus de 50 groupes et de DJs bordelais sur nos événements. On invite aussi, bien sûr, de grands noms du rock sur nos scènes avec, ces dernières années, Ride, Thurston Moore, Peter Hook, ou plus loin encore Buzzcocks. Mais depuis longtemps l’ADN de l’asso s’étend bien au-delà du rock, avec une place de choix donnée notamment aux musiques électroniques et l’invitation d’artistes aussi variés que Manu le Malin, A Guy Called Gerald, Helena Hauff ou, côté live, le groupe belge Front 242, figure emblématique de l’EBM, que l’on invite à Bordeaux en mai 2022.
Avec Musical Écran, festival hybride entre musique et cinéma, on veut donner à voir des films qui racontent l’histoire de la musique et de ceux.celles qui la font et cela dans le monde entier mais aussi sur des esthétiques très variées. Par exemple, la programmation de l’édition 2021 gravitera entre house, rap, musiques expérimentales, world music ou encore grunge. »
N : Parmi les derniers événements, les derniers concerts que vous avez programmé, lequel vous a tout particulièrement marqué ?
BR : « Probablement, notre dernier festival avant la crise sanitaire : la 16e édition de Bordeaux Rock fin janvier 2020, qui paraît maintenant bien lointaine. Notamment le »Rock en ville », notre soirée emblématique mettant à l’honneur la scène locale avec plus de 25 groupes programmés dans des bars à concert du centre-ville. Toute l’équipe repense avec émotion à cette soirée dans les caves bordelaises, d’autant plus que l’on a depuis appris que la moitié de ces lieux d’accueil avaient mis la clé sous la porte.
Malgré tout, on a aussi eu de beaux moments sur l’été 2020 avec, entre autres, une très chouette édition de Musical Écran : des films magnifiques, une super fréquentation et des déclinaisons du festival organisées à La Rochelle et Toulouse/Tournefeuille, en dépit des restrictions sanitaires.
Mais le temps commence à se faire long depuis. On a hâte de reprendre du service et de retrouver notre public ! »
N : Quelles sont vos projets, vos envies, voire vos utopies, d’ici la fin d’année ?
BR : « On rêve bien sûr d’un retour à la normale, de concerts debout, d’embrassades, de jauges pleines, mais on essaie surtout de prévoir tous nos événements selon différentes configurations afin de pouvoir maintenir nos programmations. On va avoir un été assez chargé avec le report de certains de nos festivals sur cette période, ce qui n’est pas pour nous déplaire, car on a très envie d’être de retour sur le terrain.
On attaquera en juillet par une seconde édition d’Écran Total, un festival de cinéma en plein air et en salles que l’on coorganise avec nos ami.e.s de l’Utopia, du Fifib et de Cinémarges.
Puis, du 5 au 12 septembre, un bien beau Musical Écran avec une trentaine de documentaires musicaux présentés, pour beaucoup, en exclu nationale. Toujours en septembre, il y aura aussi le 17e Festival Bordeaux Rock à la Salle du Grand Parc avec Chassol, Didier Wampas, Astaffort Mods… Et enfin, pour finir l’année en beauté, on aura plusieurs dates prévues avec nos collègues et ami.e.s d’Allez les Filles, notamment le concert de Meat Puppets en octobre. »