C’est la sélection bd du mois – par David Blot.
David Blot est votre serviteur chaque soir de 19h30 à 21h (le Nova Club) mais il est aussi un fada de BD. La preuve par 4 !
Commençons par une bd de « 7 à 77 ans » – comme on dit en langage Tintin – quoiqu’on y trouvera son lot de prostituées et de tortures diverses. Il s’agit après tout d’un récit de pirates, « De Perles et de Pirates » exactement, mais aussi de cape, d’épées, de grande voile et de frous frous féminins, les héros étant des héroïnes – les cinq filles du célèbre pirate Mortimer Mc Kinley vengeant leur père sur les mers de l’affreux Gouverneur Cortez. C’est une grosse farce aventureuse rondement menée et hilarante, première bd d’un scénariste venu de la télé, Yoan Zaoui, et vivement dessinée – il manque peut-être un peu de détails, mais l’ensemble fait 128 pages hein – par Clotilde Szymanski aka Clotka. Pirates is the new look.
Toujours chez Casterman et sur 184 pages cette fois (je tiens à ce que vous en ayez pour votre argent) Claire Fauvet raconte « Une Saison en Egypte », intrigue romantique, sans drama intempestif, sur les traces d’un jeune bourgeois russe qui s’improvise poète dévoyé en Alexandrie avant les alexandrins, par un Français libertin et pour l’amour d’une danseuse du ventre. C’est joli et léger comme tout. Et notez qu’il s’agit de la deuxième bd de cette sélection dessinée par une femme. Il est loin le (long) temps où Claire Brétecher était l’unique auteur française.
Nettement plus viril, Ameziane dans « Clan » (aux éditions du Lombard) plonge dans les secrets des Yakuza, on s’y trucide, coupe, explose et démembre à tour de pages dans une fresque ambitieuse, hard boiled comme il faut, un poil trop Luc Bessonienne dans les clichés par endroits (prions que ce dernier ne lise pas ça un jour) mais graphiquement puissante à d’autres – il y a ainsi quelques pages en droite lignée du duo Frank Miller / Bill Sienkiewicz sur leur classique « Elektra Assassin » – les connaisseurs apprécieront.
Enfin je conclue dans les pas de mon éminent collègue Jean Rouzaud qui vous conseillait il y a peu (ici !) l’ébouriffant « Rose Profond » (chez Casterman, décidément…), réédition impeccablement présentée d’une déviation Disney version Echo des Savanes de la fin des années 80, dessinée avec maniaquerie par Pirus (sous référence Disney, donc, mais matinée de Calvo) et racontée par le seul, l’unique, le grand Jean-Pierre Dionnet. Et pour le coup, ne baissez pas la garde devant ces petits Mickeys trompeurs, ce pamphlet post Roger Rabbit n’est vraiment pas destiné aux 7 à 77 ans. Bande de coquins.