L’exposition des photographies de Pascal Boissière vous ramène au temps où rappeurs, danseurs et graffeurs de France, devenus des stars et doyens respectés du milieu hip hop, étaient encore des minots, saisis dans la rue ou mis en scène en studio. La passion et la classe, “Sur le vif ” !
« L’expo est intitulée Sur le vif, mais ç’aurait pu être Ni vu ni connu, tant mon travail n’est ni vu ni connu ! » nous confiait le photographe Pascal Boissière lors de l’inauguration de cette Olympiade culturelle au château de Ladoucette à Drancy en Seine-Saint-Denis, jusqu’au 26 novembre.
C’est la première exposition de ce photographe aguerri qui a notamment travaillé au sein de Sipa Press et qui s’est pris de passion au milieu des années 80 pour ces danseurs d’un genre nouveau qu’il découvrait : « Les cercles de danse hip-hop m’ont rappelé ceux de l’Afrique et je me suis dit que c’était un délire qu’il fallait absolument documenter. À cette époque, ces années 80 où l’on passait très rapidement d’une mode à l’autre, j’ai pensé que toute cette énergie allait disparaître sans qu’aucun professionnel ne s’y intéresse et prenne cette jeunesse au sérieux. »
Il poursuit : « J’étais assistant de plateau dans un grand studio parisien et j’ai ainsi photographié mes sujets avec du bon matériel, du 6×6 et des installations de lumières qui mettaient en valeur mes portraits de rappeurs. »
“J’ai été beaucoup soutenu par une styliste de mode, Chatoune, qui fréquentait le milieu hip-hop et m’a incité à réaliser ces photographies. Mais 30 ans après, j’ai finalement plus d’affection pour celles que j’ai faites dans les rues de paris et ses banlieues” commente ainsi Pascal Boissière qui, loin d’être nostalgique, a toujours de nouveau projets de reportages. Chatoune, aujourd’hui créatrice de costumes pour le cinéma, se souvient de leur première rencontre : « je bossais comme styliste pour des pubs et des vidéos diverses pour la pub et on m’avait demandé de procurer un blouson de Jean-Paul Gaultier dont les manches avaient des motifs de ballon de foot pour faire une photo avec Monsieur Pelé, le grand footballeur – Pour une pub pour le loto sportif et Pascal avait fait les photos ».
Les photos de Pascal Boissière racontent beaucoup de ces 3 dernières décennies qui ont vu des jeunes s’affirmer à travers tags, graffs, danse, deejaying et rap. Nés aux États-Unis et popularisés en France, notamment par le New York City Rap tour, Sydney et son émission H.I.P H.O.P en 1984, Deejay Dee Nasty ainsi que Radio Nova, la boutique Ticaret et tous ces hardis pionniers du mouvement en France. De la fac Paris 8, ex-Vincennes à Saint-Denis, au terrain de Stalingrad, des dalles de béton de Vitry et Cergy à celles de Marseille.
Ici et là, le graffeur Méo (Miles Carter) devant les palissades du Louvre, les rappeuses Sté Strausz, les Ladies Night, Passi et Stomy, princiers dans leurs costards, IAM, Rohff, Anouar-Cut Killer, Joey Starr, Démocrates D, Faster Jay, Sok Visal et tant d’autres, au Globo avec Dj Cash Money et Public Enemy, au Timmy’s ou Gabin relève les défis de danse. LL Cool J, Mary J Blige et autres sommités et ambiances du rap y sont également exposées. Voici un autre avant-goût de cette précieuse exposition, ci-dessous, en espérant qu’en 2024, Pascal continuera d’exhumer et exposer ses trésors de photos « ni vues ni connues ». Bon kiff !
L’exposition Sur le vif est à retrouver au château de Ladoucette jusqu’au 26 novembre. Rer B, arrêt Le Bourget, bus ou 10 minutes de marche. Entrée gratuite.