Stephen Barker, tout en subtilité.
« Si vous regardez ces photos en ce moment, vous savez plusieurs choses que ceux qu’elles représentent ne savaient pas à l’époque ». Le photographe Stephen Barker a pris ces photos à New York entre 1991 et 1994. L’association Act Up New York est née en 1987 et a déjà donné naissance à sa cousine parisienne, en 1989. Les combats de cette dernière étaient récemment relatés dans 120 battements par minute, de Robin Campillo.
Les portraits des premiers militants new-yorkais racontent une période pendant laquelle l’épidémie fait rage et les réponses du gouvernement américain sont inexistantes. Ils sont actuellement exposés à la galerie Dan Cooney Fine Art de New York, accompagnés d’un texte de Mark Harrington, lui-même militant à l’époque. « Vous savez aujourd’hui que le Sida est devenu une maladie curable », écrit-il, « que la transmission et l’infection peuvent être évitées. (…) Vous savez que certains de ces militants sont morts, que d’autres ont survécu. Mais vous ne savez pas qui ils sont, qui ils étaient, ni pourquoi il faut se souvenir d’eux, et les célébrer. »
Ces visages représentent ceux à qui l’on doit aujourd’hui les traitements les plus efficaces contre le Sida, qui ont construit une communauté, inventé des techniques d’action coup de poing, appris à défier un gouvernement. « Ils ont appris à vivre, à se battre, à se battre ensemble et à s’aimer face aux incertitudes d’une épidémie permanente », écrit Mark Harrington, qui leur rend hommage avec cette exposition.