On fait une projection privée à Marine Le Pen quand elle veut.
Ça n’a pas fait beaucoup de bruit. On a trouvé ces témoignages dans un recoin de Youtube comme on les aurait entendus murmurés au détour d’une rue. Sauf qu’on les y entend jamais.
Des vidéos en noir et blanc, une personne face caméra, qui raconte son parcours. Des histoires de déplacés, d’exilés, de « migrants » même si le terme est aujourd’hui si galvaudé qu’il n’exprime plus rien. « Déracinés » serait un terme plus approprié. En toute pudeur, les participants racontent le départ, le voyage, l’arrivée dans un pays inconnu, les multiples portes fermés, la solitude, les doutes.
Deux vidéos sont déjà en ligne. Parmi elles, le témoignage de Ferdous, mais aussi celui d’Enri, qui vient d’Albanie.
Écrites et réalisées par des migrants
Ces histoire qu’on entend rarement, si difficiles à dire – et à faire dire – sont collectées au sein d’un projet du Secours Catholique, Baguette & Fromage.
Elles sont réalisées par les migrants eux-mêmes, sous la houlette d’un bénévole qui est aussi réalisateur. Il transmet ses connaissances de réalisation, d’écriture, de montage, pour leur permettre de mettre en image et de diffuser ces témoignages précieux. La compagnie théâtrale Shabnam & Yor a également accompagné le groupe dans la mise en scène de ces récits.
« L’objectif est double, nous explique Blaise Paquier qui participe au projet. Leur donner les outils pour qu’ils prennent la parole, mais aussi sensibiliser le public à leurs témoignages. On pense aussi à réaliser un court-métrage, peut-être sur un ton un peu humoristique, qui pourrait être diffusé dans des festivals. »
En ces temps de campagne présidentielle, où le terme « migrants » est un catalyseur de peurs, un aimant à votes, souvent énoncé pas très loin du terme « terrorisme », il fait bon de se plonger dans la réalité de ces vies. Et déconstruire les idées reçues.