Tout était déjà là !
Aller voir au musée d’Orsay, cette étrange exposition d’objets disparates sur les arts décoratifs italiens, c’est comme remonter le temps brutalement pour se retrouver chez un brocanteur .. il y a un siècle. Et là, justement, toutes les idées: formes dépouillées, Minimalisme, High Tech, mais aussi luxe, Hyperréalisme, Pop, allusion à toutes les époques, comme une trans-avant garde d’avant les avant-gardes !
La radio de Franco Albini, entre deux plaques de verre, est un modèle de ce qu’on appelait le High-Tech chic des années 80. Du Starck dans les années 30 ! La lampe de Gio Ponti : disque de verre sablé sur un cône d’acier brossé : du Mattia Bonetti d’il y a 80 ans. Ou son vase à motifs Op Art !
La chevauchée fantastique de Fortunato Depero en tapisserie : fantaisie, gaieté et forme Pop dans les années 20. L’Europe avait de grands artisans, mais l’Italie avait de grands artistes- artisans. C’est-à-dire avec une touche d’Art pur, dans les objets dits décoratifs. La volonté d’aller plus loin. Les anglais avaient inventé le design par des styles d’objets de petites séries. Les allemands s’orientaient vers le Bauhaus : université de formes et d’objets usuels pour l’industrie. Les italiens voulaient tout : la forme et le style, le modernisme et le luxe, la fantaisie et l’invention . Certains appelaient ça le style LIBERTY.
Une étape italienne pour se libérer du Novecento classique.
Il fallait aussi oublier l’histoire de l’Art italien et cette Renaissance qui écrasait tout, et aussi la créativité, pesant sur les formes comme une chape de plomb dorée… Entre 1910 et 1930, tout fut dit ou à peu près en matière d’objets, de meubles, de déco, d’idées et donc de Design, de ligne.
Sans même évoquer les FUTURISTES, cette bande d’italiens exaltés, inspirés, ultra modernes qui réévaluèrent tout : cinéma, théâtre, photo, peinture, sculpture, architecture…Les choses changeaient vite. Merci à Carlo Carra, Luigi Russolo, Gino Severini, Giacomo Balla et les autres futuristes si extraordinaires . Un demi siècle plus tard, les BOLIDISTES leur rendaient encore hommage…
Mais même sans eux, déjà, le style italien s’était envolé : aérien, élégant dépouillé ou décalé, on se demanderait presque : que s’est il passé depuis ?
Jean ROUZAUD
_DOLCE VITA . Du Liberty au Design Italien. 1900-1940
Musée d’Orsay . Paris . jusqu’au 13 septembre 2015