Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé jouer aux cowboys et aux indiens… aussi loin que je me souvienne, j’ai été cow-boy galopant à travers un far-west imaginaire, rocailleux et poussiéreux. Aussi loin que je me souvienne tel Josh Randall, le héros d’Au nom de la Loi incarné par Steve McQueen, j’ai dégainé ma winchester à canon et crosse sciés pour un oui pour un non.
Et puis très vite, j’ai été indien, parce que cow-boy, je ne pouvais plus… histoire de valeurs, disais-je en pédalant dans la rillette à défaut de choucroute. J’ai abandonné mon arme à feu, pour une arme à flèche tel un cupidon de western spaghetti. Aussi loin que je me souvienne, les armes ont fait partie de mon imaginaire, parce que « pan pan, t’es mort », j’aimais ça quand j’étais minot… Ça ne dure jamais longtemps, en tout cas, jamais une éternité. On revit, c’est pour d’la fausse et moi mourir pour de la fausse, j’aimais ! Mourir au champ d’honneur, des flèches contre des balles ou clamser, calancher, trépasser dans un saloon, tant qu’c’était pour d’la fausse j’aimais bien.
Et puis, je n’ai plus aimé mourir, même pour d’la fausse parce que forcément un jour tu penses que ça sera pour de la vraie et dans la vraie vie, in the real life comme on dit dans les westerns travers de porc sauce miel, j’suis pas pressé. Je n’ai pas envie de me prendre prématurément la porte battante du saloon en pleine poire. J’ai pas envie de croiser la grande faucheuse même si je lui ai déjà fait la nique à plusieurs reprises. Alors quand j’apprends que l’article 25 de la loi de sécurité globale, celui qui vient après l’article 24 qui nous est déjà resté en travers la gorge, quand j’apprends que cet article autoriserait un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie toute aussi nationale à porter son arme hors service, dans des conditions définies par un arrêté du ministère de l’intérieur, et qu’en vertu de cela, on ne saurait lui interdire l’accès à un établissement recevant du public, je percute tel la gâchette sur le barillet, pourquoi 4 organisations professionnelles s’inquiètent.
En effet, pas plus tard que jeudi dernier, Technopol, le SMA, la FEDELIMA et De Concert ont, interpellé les sénateurs et sénatrices. Roulement de tambours. « Nous, festivals et lieux de musiques actuelles qui rassemblons des centaines de milliers de spectateurs et spectatrices chaque année, affirmons que dans ces lieux de fête, de rencontres et de création, aucune arme n’y a sa place, que cela est extrêmement dangereux. Ils ajoutent qu’au sein de leurs équipes de sécurité, personne n’est habilité à contrôler la validité d’une carte de police, possiblement falsifiable précise-t-il avant de porter un dernier coup contre ce projet. « Rien de plus simple, dès lors, pour qui souhaiterait commettre une tuerie de masse. ». Fin de citation. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé jouer aux cowboys et aux indiens… et puis j’ai grandi.