Cet écrivain et poète malien, diplômé du master de création littéraire de Paris-VIII, tourne en dérision la pseudo-amélioration des conditions de vie de certains élevages industriels, en prônant le retour aux transhumances traditionnelles.
« Les champions sont une poignée. La paume qui les tiendra sera tannée. La main qui les tiendra sera fétiche. Le bras qui les montrera sera tranché. » Arrivé en France en 2015, Diadié Dembélé est un écrivain malien de 24 ans, diplômé du master de création littéraire de Paris-VIII et auteur d’un recueil de poèmes épiques et mystiques, Les tresses royales (éditions L’Harmattan, 2019), « à la gloire de ses ancêtres », soit la noblesse guerrière Soninké, dans la première moitié du XIXe siècle. Mais parmi les « champions », y a-t-il des éleveurs, des pasteurs, des bergers ?
Interprète médico-social au sein d’une association d’aide aux migrants, celui qui travaille actuellement à son premier roman (La Danse des grands-mères, « histoire d’un adolescent de Bamako tiraillé entre son éducation occidentale et les valeurs traditionnelles de ses parents », qui paraîtra chez JC Lattès) grimpe sur le pont de notre Arche et tourne en dérision les tentatives d’amélioration des conditions de vie de certains élevages industriels – poussant la farce jusqu’à imaginer des « hôtels cinq étoiles » pour vaches, avec buffet à volonté d’« herbe VIP », « chambre avec vue sur la prairie » et des éleveurs… notés par leur propre troupeau. Une ironie bienvenue, pour nous encourager à prendre exemple, peut-être, sur les transhumances traditionnelles de bergers peuls, très attachés à leurs bêtes – au point, parfois, de renoncer à les manger.
Image : La ferme se rebelle, de Will Finn & John Sanford (2004).