L’exposition « DIEU(X), Modes d’Emploi » au Petit Palais nous propose une intéressante réflexion autour des divinités et de leurs représentations
Dieux au pluriel et modes d’emploi en sous-titre, autant dire les précautions prises par cette exposition (en ce moment au Petit Palais, Paris), qui tente de nous montrer les images, symboles, objets du culte, temples et témoignages sur l’indicible, l’incréé et les représentations plus ou moins frappantes de nos inévitables croyances .
Nous entrons d’abord dans un espace en clair-obscur, comme une immense chapelle ardente, où de sublimes pierres et statues nous ignorent et imposent leurs formes ancestrales, mille fois refaites jusqu’à la perfection ..
Et tout de suite, leurs différences montrent que chaque peuple a son esthétique, sa direction et sa morale .
L’image de Dieu éclate en mosaïque de styles (épuré ou foisonnant, lisse ou baroque, insistant sur la pureté ou la diversité de ce que Dieu doit évoquer) et le spectateur avisé comprend qu’il faut oublier l’être suprême insaisissable et s’intéresser au génie des artistes et artisans qui ont fabriqué ce qu’il voit ..
Tout est bon pour attirer, ou impressionner le croyant.
Les grandes civilisations antiques : Perse, Hindoue, Asiatique, Moyen orientale s’imposent en force, mais les peuples polythéistes et animistes créent aussi des choses extraordinaires puisque pour eux, Dieu est partout, dans les plantes et les roches, les eaux et les cieux.
Grace à eux, animaux, plantes et cailloux prennent une force magique, en un heureux hommage envers toute la nature ..
J’ai été frappé par un collier en petites vertèbres, un drapeau vaudou a paillettes, une déesse « diablada » sud américaine – comme une couronne de carnaval avec serpents et grenouilles, un bras en cristal qui écrit les commandements tout en contenant des reliques, de petites balançoires pour divinités, un livre hexagonal qui s’ouvre en étoile, un mini-coran qui tient dans une boite d’alumettes, et des nécessaires pour messes ou mini autel bouddhistes de voyage !!.. Et des masques africains frappeurs descendant jusqu’aux pieds !
Tout est bon pour attirer, ou impressionner le croyant.
Après bien des objets étranges et variés, luxueux ou bruts, mais qui montrent l’arbitraire des religions, on continue avec des écrans tactiles pour les chiffres du nombre d’adeptes dans le monde… On comprend que les croyances ne sont pas prêtes de s’éteindre.
Puis sur un mur, un grand mot d’excuse (!) d’Elie Barnavi (conseiller de cette exposition), qui rappelle les excès, inquisitions, guerres, croisades, et autres massacres commandités par nos église , au nom de Dieu (à ce propos, il faut lire Jean Soler, qui explique –historiquement – comment les monothéismes durs ont été bâtis sur des polythéismes plus doux et tolérants, avant d’imposer aux peuples par prêtres et églises de pouvoir, menant tout droit aux guerres de religions…et oui !!)
Des petites balançoires pour divinités…
Une série de photos, écrans et surtout maquettes nous montrent les derniers temples, églises, mosquées, synagogues, architecture d’avant-garde… Un peu froids – en tout cas en miniature.
Enfin, des écrans-fenêtres, avec des personnages grandeur nature : chacun raconte sa croyance, le comment et le pourquoi.
Bref, un début de chemin initiatique – à travers les objets de cultes plus ou moins fascinants – qui se sépare en mille branches, un aperçu des styles et talents des gens de foi et leur désir de nous convaincre.
Les inventions invraisemblables de l’être humain pour l’aider à croire en Dieu restent fascinantes à contempler.
DIEU(X) . Modes d’emploi .
Du 25 Octobre au 3 Fevrier @ Petit Palais, PARIS.