Nova Classics : « The Ballad of Dorothy Parker » de Prince.
Cet été, Radio Nova revisite ses propres classiques : les raretés de tout bord qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd’hui : Nova Classics : « The Ballad of Dorothy Parker » de Prince.
Le charme de The Ballad of Dorothy Parker vient, comme souvent dans la mythologie de la pop, d’une erreur.
En 1987, Prince enregistre Sign O’ The Times, son neuvième album en solo, et son premier après la dissolution de son groupe The Revolution. Souvent considéré comme son meilleur album, le disque est aussi, à l’époque, le plus coûteux et le plus difficile jamais entrepris par Prince. Enregistré sur près de 10 mois, il brasse une variété de styles, fusionnant pop, funk et électronique de manière parfois décousue.
Sur ce double-album ambitieux figure un morceau étonnant. Dorothy Parker n’a pas de refrain, ni vraiment de couplet. Tout est dans l’instrumentation minimaliste et la narration: l’histoire d’un flirt avec Dorothy Parker, serveuse rencontrée sur un boulevard — peut-être une référence à la poétesse américaine du même nom.
Comme sur le reste de l’album, le rythme est entièrement fait à la Linn-M1, drum machine fétiche de Prince, qui est ici mise à l’honneur. Le mix est sec, les claviers sexy, la voix élastique. Et surtout, tout sonne un peu étouffé, comme si les hautes fréquences avaient été enlevées. La raison? Susan Rogers, l’ingénieur son de Prince sur l’album, la révélait récemment: un court-circuit dans le magnétophone qui enregistrait la session. Prince joue de tous les instruments sur le morceau, et il a l’habitude de tout enregistrer en une session, sans interruption. Rogers ne peut donc pas le prévenir de la panne, qui affecte uniquement les hautes fréquences: Prince ne semble pas s’en soucier, et à l’écoute du résultat final, il est heureux: « C’était parfait. Bien ». Puis ajoute: « J’aime bien cette console. Elle a un son vraiment sourd, non? ».
Visuel : © Capture d’écran Youtube