Coxsone & Studio One 1970–80.
Soul Jazz Records s’obstine, et complète la collection Studio One, avec ce Supreme ou Maximum 70 – 80, chez l’increvable Clement « Coxsone Dodd…Une période charnière. Chris Blackwell, avec Island, a déjà commencé à débaucher les stars du Studio One comme Marley et les Wailers, Toots, Heptones, Burning Spear… Il a enfin compris le succès du reggae et consort !
Les gangs de droite (Edward Seaga) et de gauche (Michael Manley) se sont affrontés pour rien. Leurs leaders se sont serré la main à un concert de Marley, inquiets de la violence à Kingston et ailleurs. Les grandes voix du reggae, du rock steady sont encore là, mais le style change et les modes se succèdent : ragga, dub et surtout ce style, « dancehall », lancé par les DJ (et dont tout le rap mondial héritera !!!)
Chant syncopé, accents et onomatopées
Voilà donc la base et les structures du rythme jamaïcain, portées par un vent nouveau, une liberté désabusée : le chant peut être syncopé, avec des accents et des onomatopées, des cris, des glissendos, des répétitions des mots ou de phrases, plus codées que jamais. Le génie de Clement Dodd est de garder studio et matraquage de « Dub Plates » (tubes à deux faces, dont une instrumentale en vinyles 45 tours) pour les « parties » des dancehalls justement, éparpillés sur l’île.
Et pour animer, comme aux premières heures des Sound Systems, les présentateurs – speakers (pasticheurs de radios, en mieux) vont s’en donner à cœur joie, et, véritablement entre bribes de reggae cool, puis subitement des basses, des dubs sourds en ricochets, de l’électronique et une certaine violence de ton : le dancehall était né pour durer.
Les vieux, et les jeunes
Ce CD de 18 titres réunit la crème des chanteurs, sur deux époques : Alton Ellis, Jackie Mittoo, Horace Andy, Freddy Mc Gregor et les nouveaux : Dillinger, Lone Ranger, Sugar Minott, Prince Jazzbo, Jim Nastic, Johnny Osbourne…., tous dans ce nouveau « mood » plus libre, moins astreint aux pulsations reggae, et plein d’invention. Le trésor jamaïcain, malgré la concurrence des labels, les difficultés à l’international, devant la quantité de talents à caser, faire connaître, distribuer…S’enrichit sans problème d’une nouvelle page importante.
Un livret de 15 pages avec le CD retrace cette évolution, les différents producteurs (comme Bunny Lee), les splits, voyages ou exils de certains musiciens, de belles photos de pochettes et d’enfants chéris comme Lone Ranger ou Sugar Minott… Et des dates à ne pas oublier. C’est même si important qu’un livre se prépare sur cet avènement du dancehall, chez Soul Jazz Books : The Rise of Jamaican Dancehall Culture ! Les Jamaïcains le valent bien.
Studio One Supreme. Maximum 70s & 80s Early Dancehall Sounds. Soul Jazz Records, 18 Tracks + Booklet avec historique et photos +Soul Jazz Books.
À paraître : The Rise of Jamaican Dancehall Culture.
Visuel : (c) Soul Jazz Records