En Islande, le cinéma sait faire des vagues. Comme la vie.
Pour chercher à comprendre le grand Tout il faut en passer par des petits riens. Ils sont le coeur des cinquante-six plans séquences qui composent Echo. Autant de saynètes prises sur le vif d’un panel d’Islandais lambda à quelques heures de fêter Noël. Ou plutôt sensées l’être quand le film de Rúnar Rúnarsson est absolument pensé et réfléchi, à commencer par son concept formel, ces cinquante-six plans fixes, qui laissent l’avant et l’après de chaque situation hors-champ pour mieux capter un moment et surtout une époque précise. Les personnages de ces scènes ne se croiseront pas mais deviennent peu à peu tous le ricochet de l’ère libérale moderne. Toutes ces bribes de conversations, d’échanges, ne s’avèrent pas si anodins que ça, quand s’y tricote le fil de la pelote du monde actuel et des ses absurdités sociales. Echo pourrait se contenter d’être un constat façon Haneke ou Roy Andersson, mais en s’avouant d’emblée vulnérable par cette position immobile de la caméra, faisant de Rúnarsson un observateur désemparé, c’est bien son inquiétude (et, si on écoute bien les autres échos du film, ceux des radios et émissions de télé qui le traverse, sa colère) qui peut s’entendre. Sa compassion aussi quand les plans d’ouverture et de clôture de cette micro-symphonie, ne filment plus des gens ordinaires mais une nature et ses immuables cycles, pour mieux philosopher sur le statut étranger d’une espèce humaine qui fait ce qu’elle peut pour surnager sur les flots toujours plus improbables du sens de la vie.
A.M
En salles le 1er janvier.
Nova vous offre des places pour aller voir ce film au cinéma! Jouez juste dessous en sélectionnant le mot de passe gagnant à dénicher sur notre page Facebook Nova Aime.