Éliane Viennot était dans La matinale de Nova.
Vous n’aviez peut-être jamais entendu le terme d’« écriture inclusive » avant qu’une polémique n’éclate cette semaine. Les édition Hatier viennent de publier le tout premier manuel scolaire écrit de cette manière. Destiné aux élèves de CE2, ce livre d’Histoire comporte des mots écrits à la fois au féminin et au masculin, en utilisant des « points milieux » pour les entrecouper. On peut donc y lire par exemple, « les agriculteur.trice.s ». Le but : déconstruire la primauté du masculin sur le féminin dans la langue française, pour lutter contre les stéréotypes de genre.
Très fier.ère.s d’avoir publié le premier manuel scolaire en écriture inclusive ! Magellan Questionner le Monde CE2. https://t.co/lKnNN1wfJV
— Editions Hatier (@EditionsHatier) September 23, 2017
Et ce qui devait arriver arriva. Dès l’annonce de cette publication, fachosphère, Manif pour tous et consorts ont dénoncé une nouvelle incursion dans les écoles, de la supposée « théorie du genre ». Progressivement, sur les sites d’information, sur les plateaux télé, dans les studios radio, on s’est mis à débattre de l’évolution de la langue. Alors que Le Figaro décrit « Un manuel scolaire écrit à la sauce féministe », Raphaël Enthoven, sur Europe 1, trépigne contre « un attentat à la mémoire » venant dénaturer la langue, allant jusqu’à utiliser le terme « négationnisme », repris plus tard sur BFMTV.
« Le langage structure notre pensée : il ne fait pas que la refléter, il l’oriente »
Dans La Matinale de Nova ce matin (en podcast ici), pour tendre l’oreille à celles et ceux qui soutiennent l’écriture inclusive, Camille Diao et Baptiste Muckensturm ont passé un coup de fil à Éliane Viennot, qui a publié une tribune sur le sujet. Tribune dans laquelle elle expose une idée simple : « Le langage structure notre pensée : il ne fait pas que la refléter, il l’oriente ». Cette professeure de littérature explique que la primauté du masculin sur le féminin dans la langue française « est une construction qui date du XVIIème siècle. Un groupe d’hommes, de lettrés, qui à l’époque avaient énormément de pouvoir sur l’écrit, parce que très peu de gens étaient lettrés, ont transformé les règles de grammaire, et fait disparaître un certain nombre de mots féminins qui désignaient des professions prestigieuses. » L’interview est à réécouter en intégralité ci-dessous.