La chronique de Jean Rouzaud.
Sergueï Eisenstein (1898- 1946) est né à Riga. Son père est ingénieur. Enfance bourgeoise, voyages… La Première Guerre mondiale l’engage. Il fait l’ingénieur côté spectacle. La nouvelle Russie soviétique a compris l’importance des images, de la propagande.…
Du grand spectacle pour des grands classiques
Sous commande d’État, avec d’énormes moyens, il va devenir un metteur en scène à part, cinéaste géant, filmant d’immenses épopées patriotiques. Les années 20 verront ainsi : La grève (1924), Le cuirassé Potemkine (1925), Octobre (1928), La ligne générale (1929)… Grands spectacles devenus de grands classiques.
Le génie d’Eisenstein s’exerce partout : choix des personnages typés, décors gigantesques, foules dirigées comme des tempêtes, cadrages puissants, montages chocs, plans d’ensemble puis gros plans, lumière et construction parfaite… Un langage universel.
À la fois dessinateur, théoricien et exécutant exceptionnel, il plante le cinéma russe au premier plan, dans un style unique, entre futurisme et expressionnisme, baigné dans une lumière de mythologie…
Avec Que viva Mexico (1932), Alexandre Nevski (1938) et son chef-d’œuvre Ivan le terrible (1944-1946), malgré de nombreuses déceptions, critiques et déboires, son cinéma est devenu mythique.
Le Centre Pompidou Metz expose la grandeur de cette œuvre à travers tous les films, mais aussi des photos, dessins, artistes liés ou inspirés par ce travail. Toute l’histoire est convoquée pour expliquer l’inspiration de cet artiste, qui dépasse frontières et époques. Du 28 septembre 2019 au 24 février 2020.
Visuel © André Kertész, Sergei Eisenstein, 1928