Nova Classics : « Madalena » d’Elis Regina.
Cet été, Radio Nova revisite ses propres classiques : les raretés de tout bord qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd’hui : Nova Classics : « Madalena » d’Elis Regina.
Chanteuse majeure de la musique populaire brésilienne, Elis Regina était l’incarnation de la joie, même à travers la saudade. Celle qu’on surnommait furação (la tornade), adulée en son pays, aura marqué le répertoire du MPB par sa voix émouvante et son sourire contagieux: on se souvient notamment d’une version live de l’incontournable Aguas de Março de Tom Jobim, où Elis peine à terminer, envahie par un fou rire communicatif (visionnage recommandé si vous voulez être heureux l’espace de quelques minutes).
Repérée lors d’une émission de radio pour enfants, la native de Porto Alegre enregistre son premier album à 16 ans. Précoce, perfectionniste, elle enchaîne ensuite les disques et les collaborations avec les grands chanteurs de l’époque, de Chico Buarque à Caetano Veloso. Elle s’engage comme ses confrères tropicalistes contre la dictature brésilienne, qu’elle critique de manière virulente sur scène et sur disque: protégée par son immense popularité, elle choisit néanmoins de rester au Brésil alors même que la plupart de ses confrères doivent s’exiler.
En 1982, Elis meurt d’une overdose de cocaïne et de médicaments. Elle n’a que 36 ans. Le lendemain, sur les murs brésiliens, des graffitis: « Elis vive » (Elis est vivante).
Vivante, elle l’est toujours, grâce à des morceaux comme celui-ci, sorti en 1970, alors qu’Elis a 25 ans. Premier succès d’Ivan Lins, aujourd’hui l’un des compositeurs brésiliens les plus célébrés à l’international, Madalena est une déclaration d’amour passionnel, dont Elis chante qu’il peut être « joyeux ou triste » : une parfaite synthèse de son oeuvre.
Visuel : © Capture d’écran Youtube