Une piqûre et hop : la jalousie a disparu ? C’est l’idée follement désirable de cette correctrice et secrétaire d’édition, diplômée du master de création littéraire de Paris-VIII. Tous au labo – et que ça saute !
« Un fantôme demande à sa petite-fille de cuisiner pour lui, ce qui oblige cette dernière à sortir des limites de son existence étriquée. » Dans le roman qu’elle est en train d’écrire, Elise Goldberg entend « mêler le culinaire à la question des origines », en concoctant notamment de la carpe farcie. Mais cette correctrice et secrétaire d’édition, qui suivit pendant deux ans les cours du master de création littéraire de Paris-VIII, tout en animant elle-même des ateliers d’écriture, vient d’avoir une autre idée pour nous sortir des limites d’une existence étriquée.
La fin de la jalousie, tout simplement. Pour contrer « ce fléau, qui fait exploser la consommation d’antidépresseurs et de consultations psy », le gouvernement français commandera bientôt un nouveau vaccin : le B. C. G., « pour une Baise Complètement Généralisée ». Etrangement, la quasi-totalité de nos compatriotes se soumettra sans se plaindre à la piqûre en un temps record, découvrant en masse le mot « compersion », « cette joie qu’on éprouve quand on apprend que l’être cher est comblé, même si ce bonheur passe par un cinq à sept ailleurs que dans vos bras. On sera bientôt capable d’aimer plusieurs personnes à la fois sans chagriner sa moitié, qui ne sera d’ailleurs parfois plus que son tiers, son quart ou même son huitième. La vie de trouple, voire de troupe, ne tardera pas à devenir la norme ».
Conséquences jouissives : « La polygamie sera autorisée et le délit d’adultère, cet archaïsme juridique, aura enfin été supprimé du code civil. Naîtra la famille mosaïque, avec la mère, le père et d’autres personnes qui auront autant de légitimité dans le foyer. L’éducation des enfants ne pourra que gagner à cette fréquentation quotidienne d’autres adultes qui les dégagera du carcan papa-maman. » Tous au labo – et que ça saute !
Image : Brigitte Lahaie et Stéphane Audran dans Les Prédateurs de la nuit, de Jésus Franco (1987).