On vous offre des places pour aller voir le nouveau film de Manuel Nieto Zas : Employé / patron.
Employé / Patron s’ouvre par une berceuse chantée à un bébé. Mais avec un tel titre, il y a de quoi se douter que ce film uruguayen va susurrer un autre type de chanson. Surtout quand une sorte d’inquiétude s’impose dès cette séquence initiale. Il y a du drame dans l’air. Pas celui qui se profilait autour de la santé d’un enfant mais autour de la relation entre les familles donc d’un patron et d’un employé qui tournent vinaigre quand le second provoque involontairement un accident mortel. Manuel Nieto Zas en profite pour renouveler la chronique d’un rapport de classes qui s’extraie d’un habituel manichéisme.
Ici pas de salaud ni de victimes mais le constat d’une étanchéité toujours aussi impossible à transpercer. Même si Rodrigo le propriétaire terrien et Carlos l’ouvrier agricole ont le même âge et le même profil familial, ils restent séparés par une hiérarchie sociale. Employé / Patron confirmant qu’en dépit des efforts d’écoute ou de rapprochement, rien n’autorise à sortir d’un lien entre dominant et dominé, que le passage d’un monde vertical à celui horizontal ne se fera pas sans casse. Zas l’explore par une mise en scène imposant des zones de distance, que ce soit par des blocs de séquences courtes ou en faisant des paysages à la frontière entre l’Uruguay et le Brésil comme autant d’obstacles – qu’ils soient rivières ou forêt – qu’il faut sans cesse franchir. Et pourtant, Employé / Patron s’essaie, justement dès son titre, à tenter de réconcilier les camps, à rapprocher ceux qui se ressemblent mais restent séparés par des origines.
On voit beaucoup de clôtures dans Employé / Patron. La symbolique d’enclos renvoyant chacun sur son territoire est limpide, mais Zas a l’intelligence de vouloir aussi en faire autre chose avec un scénario et une réalisation qui refusent de se laisser enfermer dans le balisage habituel du cinéma social, jusqu’à annoncer avec un final autour d’une course de chevaux que même si ça ne se fera pas sans mal, il faut tenter de galoper vers un monde qui abolisse les barrières.
En salles depuis le 6 avril.
Pour l’occasion, on vous fait gagner des places !
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