Jusqu’au 7 juillet, le second tour des élections législatives anticipées, Nova passe en revue ce qu’il se passe dans les pays qui expérimentent l’extrême droite. Aujourd’hui, Alexis Noé nous parle de la « bataille culturelle » menée en Argentine depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei.
La “bataille culturelle” est un concept récurrent de l’extrême droite.
Selon cette dernière, “la gauche” au sens très large, serait surreprésentée dans des domaines comme les médias, les arts, ou à l’école. Une domination insupportable qui permettrait à la gauche d’imposer ses thèmes progressistes au reste de la population. Une fois au pouvoir, l’extrême droite cherche toujours à purger ces contre-pouvoirs de leur supposé “gauchisme”, afin de convertir la société à son idéologie… Et de rester aux affaires aussi longtemps que possible.
En Argentine, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette bataille culturelle est menée avec une violence inouïe.
En mars 2024, par exemple, Javier Milei, le président, décide de fermer l’agence Télam, l’équivalent de l’AFP. Une attaque en règle contre la liberté de la presse qui a mis sur le carreau 700 personnes du jour au lendemain.
Par la suite, il coupe les financements destinés au cinéma argentin et réduit par ailleurs le budget des universités et de la recherche publique. Ces dernières n’ont aujourd’hui plus de quoi payer leur électricité et pourraient être privatisées pendant la mandature.
Enfin, au motif qu’elles seraient gérées par des “gauchistes”, le gouvernement a préféré laisser pourrir une partie des 6 000 tonnes de nourriture qu’il garde en réserve, plutôt que de les distribuer aux 40 000 soupes populaires qui existent dans le pays.
La bataille culturelle se joue jusque dans l’aide alimentaire.
Mais Javier Milei ne se contente pas de détruire, il construit aussi un contre discours.
Un contre discours d’abord sur la dictature militaire qui n’est plus la pire période de l’histoire argentine, mais un régime qui a combattu le terrorisme d’extrême gauche.
Ou encore sur le droit à l’avortement. Voté en 2020, celui-ci est considéré par le gouvernement comme un “crime”, et ses partisans comme des “assassins”. Les mots, on le sait, ont des conséquences très concrètes dans la société.
Depuis six mois, le nombre de féminicides et de crimes de haine explosent.
Le 6 mai dernier par exemple, trois femmes lesbiennes sont mortes brûlées vives dans leur appartement après qu’un homme ait lancé un cocktail Molotov. Un attentat lesbophobe jamais dénoncé par le gouvernement.
La bataille culturelle menée la droite extrême et les discours de haine qu’elle véhicule conduit inexorablement à une polarisation de la société qui finit souvent par se couper en deux.
Aux États-Unis et au Brésil, à la fin des mandats de Trump et Bolsonaro, cela a abouti sur des presque coups d’État.
Preuve que l’extrême droite, quand elle est au pouvoir, est un danger mortel pour la démocratie.
Alexis Noé pour Radio Nova.
Jusqu’au second tour des élections législatives anticipées, le 7 juillet, retrouvez tous les matins dans « T’as vu l’heure ? » une chronique qui braque le projecteur sur les pays où l’extrême droite est au pouvoir.