Jusqu’au 7 juillet, le second tour des élections législatives anticipées, Nova passe en revue ce qu’il se passe dans les pays qui expérimentent l’extrême droite. Aujourd’hui, Caroline du Saint nous parle des changements répressifs pour les personnes LGBTQI+ en Hongrie depuis l’arrivée de Viktor Orbán au pouvoir.
Pendant longtemps, la Hongrie a été un des pays les plus progressistes d’Europe de l’Est en matière de droits LGBTQI+. Le pays était même en avance sur la France sur pas mal de points. Mais depuis l’accession au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, la situation n’a fait que se dégrader.
Viktor Orbán, champion européen de l’extrême droite
À la tête de son parti le Fidesz, il a été élu autour d’un programme anti-immigration, anti-islam, antieuropéen et anti-LGBT. Et les choses sont allées très vite. Un an après l’élection, en 2011, une nouvelle constitution affirme que le mariage n’existe que pour un homme et une femme, rendant ainsi impossible toute autorisation du mariage homosexuel.
Puis les textes s’enchaînent. Viktor Orbán interdit les études de genre, l’inscription du changement de sexe à l’état civil et l’adoption par les couples homosexuels. Une dernière loi votée le 15 juin 2021 plombe définitivement la situation. Elle interdit tout simplement « la représentation et la promotion de l’homosexualité. »
Ce type de loi « de protection des mineurs contre la propagande gay » sont connues : elles sont directement inspirées du modèle des lois homophobes votées en Russie par Poutine. Et ces interdictions rejoignent le terrain culturel au sens le plus large possible.
Toutes les expressions artistiques, réelles ou de fiction, tombent sous le coup la censure.
Une chaîne de librairies a ainsi été condamnée à une amende de 32 000 euros pour avoir vendu une bande dessinée qui raconte une histoire d’amour entre deux lycéens. Toutes les librairies sont depuis obligées de vendre les livres parlant d’homosexualité emballés de plastique, hermétiquement scellés.
Dans les musées, zéro image… Le directeur du Musée national hongrois, pourtant conservateur lui-même, a été viré pour avoir laissé des mineurs voir une exposition du World Press Photo où apparaissaient des images d’hommes habillés en femmes.
Le cinéma, bien sûr, et le théâtre et la télévision sont interdits de montrer des représentations d’homosexuels, ou bien doivent le faire à des heures non visibles par des mineurs. Billy Elliot ou Philadelphia sont ainsi diffusés seulement en pleine nuit.
Que pourrait-il encore arriver de pire ? Une mesure pour inciter à la délation des couples homosexuels élevant des enfants a récemment été stoppée de justesse par le président de Hongrie. Les associations LGBT sont maintenant visées par une nouvelle loi surveillant les groupes « financés par l’étranger ».
Le 10 mai 2022, comme tous les ans, Viktor Orbán a invité les « conservateurs » du monde entier à Budapest. Jordan Bardella était de la partie avec Marion Maréchal et des dizaines d’autres leaders d’extrême droite. Jordan Bardella, qui avait déjà déclaré sur CNews « nous aussi, on pense qu’il ne faut pas faire de propagande LGBT dans les écoles », et que les procès en sorcellerie faits à Orbán se justifient parce qu’il veut défendre son identité chrétienne et la civilisation européenne.
Ce jour-là, Jordan Bardella a ainsi pu déclarer sa flamme directement à Viktor Orbán en lui assurant que « sa politique familiale est un modèle qui doit tous nous inspirer… ».
Jusqu’au second tour des élections législatives anticipées, le 7 juillet, retrouvez tous les matins dans « T’as vu l’heure ? » une chronique qui braque le projecteur sur les pays où l’extrême droite est au pouvoir.