Si vous aimez le rap d’aujourd’hui. Si vous ne vous retrouvez pas dans le rap d’aujourd’hui. Si vous ne maîtrisez pas vos classiques. Si vous êtes restés bloqués sur vos classiques. Dans tous les cas, il y a Benjamin Epps chez Radio Nova.
Bonsoir à toutes et tous bienvenue dans la maison nova.
Vous venez de pénétrer dans la Chambre noire de celui que beaucoup attendaient.
Un type qui boxe avec les mots validé par les milieux autorisés comme le rookie du moment. Une révélation du hip-hop francophone qui n’en est pas à ses premières classes, puisque tombé dans la marmite dès ses premiers pas.
À peine un quart de siècle au compteur ? Peu importe : le bonhomme pose sa voix sur un micro depuis ses 6 ans, au milieu d’une fratrie entièrement rompue à l’exercice du MCing dans ce Gabon qui l’a vu naître.
Faites vos maths et vous verrez qu’il est au dessus de la moyenne, comme il le dit en bon egotripeur. L’egotrip ? Cet exercice incontournable du Rap, sorte de mise en avant de son personnage aussi outrancière que fantasmée, davantage destinée à prouver son habilité dans l’art de maîtriser la technique microphonique que de gonfler son profil Tinder.
Rythmes percutants, flow digeste et impressionnant, voix haut perchée identifiable entre mille, distinguant une douce insolence auprès de ses confrères aînés. Mais quoi de mieux dans un rap au paroxysme de sa saine compétition et émulation ? Le futur du rap se ferait donc, avec lui, grâce à un retour aux bases originelles. Du moins à un de ses âges d’or.
Avec ses instrus tantôt sombres, tantôt jazz lumineuses, mais toujours marquées d’un bon boom bap venu de la côte est américaine. Un son qui a bercé les oreilles des post enfants et adulescents du milieu dès années 90.
Alors, prenons le risque de faire taire les les critiques et les oreilles trop paresseuses qui ne trouveraient ici qu’une référence à un trio de Buffalo dans l’État de New York, ou la copie d’une cliqua de rappeurs français qui nous a bercé il y a 20 ans. Soyons plus ambitieux. Faisons le pari qu’à défaut d’être un élu, notre invité va compter dans l’avenir du hip-hop et il l’a prouvé ce soir sur notre antenne.
Voici donc un rappeur qui vise à devenir un sage poète en apportant à la rue un son de vérité. Entre Libreville, Johannesburg et la Lorraine, Paris n’est finalement pas si loin pour cet artiste qui a su tirer richesse de toutes ses expériences sonores et textuelles, pour qui le style et les thématiques comme celles de l’enfance vont, on en est certain, s’étoffer dans l’avenir.
Cet avenir s’appelle Benjamin Epps. La Chambre noire en est ce soir le témoin.