Vous venez de pénétrer dans la « Chambre noire » d’une bande dirigée par un voyou. Mais pas n’importe lequel.
Un voyou philosophe qui, du long de sa silhouette longiligne de deux mètres, multiplie les surnoms et autres superlatifs donnés par ses amis petits frères et voisins du quartier familial et historique Lemba.
Lemba ? Le quartier latin de Kinshasa qui a vu grandir autant d’enfants des rues que de dignitaires et intellectuels qui se sont retrouvés à des places prisées et convoitées au sein du pouvoir de la République dite démocratique du Congo.
Entre enfance débrouillarde, survivante et habitus culturel élevé, c’est là qu’a baigné notre chanteur parolier maître d’un genre appelé le bonfenia rock. Rock, comme la voix caverneuse d’un chanteur qui a roulé sa bosse.
Un grand mix s’il en est, basé sur les 450 ethnies qui composent le Congo et des milliers de rythmes qui en découlent.
Attention, ne lui parlez pas de rumba congolaise. La région ne se cantonne pas qu’à cela pour notre missionnaire musicale.
Une mission loin d’être civilisatrice, mais révolutionnaire. “Révolutionner” la musique congolaise et par ce biais les mentalités. Et ce, sans objectif vénal : juste d’ouvrir la porte de la diversité culturelle du Congo.
Un grand frère qui souhaite ne plus être trompé par nos aînés, qui souhaite dénoncer les injustices universelles. À la recherche d’un monde nouveau spirituel, au chevet de la terre mère, un triple message à destination des trois continents Europe, Amérique (du Sud plus précisément) et Afrique, forcément.
Une dimension politique certes, mais pas de quoi non plus se laisser abattre pour ne pas danser.
Depuis ses premiers groupes Die Nieger et Bongo Folk cet ancien fils de diplomate basé à Berlin-Est a trouvé sa sonorité.
On pourrait traduire son dernier projet Na Kozonga par : “je rentre chez moi” ou “le retour”. Notre général rebelle y transmet ses pensées cosmiques à l’adresse de la mort, des disparus et des anciens qui nous ont déçu et des plus jeunes qui méritent mieux que ça.
À l’image de sa grand-mère guérisseuse qui lui avait offert un Tam Tam jeune enfant devenu ce monument vivant, cet homme des blancs et des noirs, cet espoir de la jeunesse.
Merci à Jupiter & Okwess.