Vous venez de pénétrer dans la Chambre noire d’une artiste organique, combattante et impulsive (de son propre aveu).
Impulsive, qui ne le serait pas quand on est une enfant de la balle qui compte dans sa lignée des maestros, notamment un père qui n’est autre que le directeur musical de la formation la plus connue de son pays, un certain Buena Vista SocialClub, mais qu’on est assez rebelle pour devenir le vilain petit canard de cette famille de mélomane où la compétition entre musiciens est farouche.
La Dame Blanche vient de Cuba, vous l’avez deviné. Elle vient de ce pays où la musique est là matière obligatoire pour tous les élèves et souvent le seul moyen d’aller voir ailleurs et de représenter sa nation.
Mais attention, pas de mégarde sur notre insoumise. Son cigare, sa flûte traversière et sa tenue de santeria qui l’accompagnent vont au-delà des clichés. Ce sont bien les armes d’une combattante.
Combattante à l’image de son dernier titre en écoute depuis une semaine (“Mata Sede”) et surtout de son dernier album sorti l’an dernier, ELLA. Un album contre les violences, pour l’écoute, la considération, le respect, l’égalité.
Organique enfin car notre femme est loin de celle qui fait peur au bord de la route dans les légendes. Celle qui a commencé en bonne citoyenne cubaine avec les classiques de La Havane, le jazz, le latin jazz. Celle qui n’a pas eu peur de se frayer une voie, qui expérimente Hip-hop, Cumbia, musique afro, Trap, Électro, Ragga ou Makuta cubaine, ce rythme venu du Congo pour accompagner les cérémonies royales de couronnement qui rappelle à chaque femme la divinité qu’elle porte en elle.
Installée depuis 20 ans en France, son cri hommage aux femmes et à sa mère Iris Rodriguez n’en est que mieux entendu.
Merci d’avoir donné avec fond et forme une atmosphère chaude et consciente à cette Chambre noire.