La belle session d’une artiste d’exception.
Vous venez d’entrer dans la Chambre noire d’une artiste qui a su garder sa part d’enfant. Une enfance certes vécue en France, mais baignée dans un héritage familial sonore et spirituel brésilien.
Qui dit “Brésil” dit une enfance musicale, lumineuse, solaire, colorée. Entre culte et divinités du bled inculqués et son imaginaire qui en découle, parsemé des mangas et dessins animés délivrés par le petit écran.
Mais derrière la carte postale et l’image d’Épinal du pays de la samba, rien n’est complément binaire. Le sourire le plus sincère cache parfois un chagrin enfoui.
Les douces mélodies joyeuses et envoûtante de la bossa nova entendue depuis la plus tendre jeunesse comblent souvent des paroles tristes et profondes. Des histoires de cœurs brisés, de solitude, de conditions précaires des classes populaires, de Racisme, d’esclavage.
Comme pour mieux anesthésier cela, à l’image d’un livre pour enfants qui aborderait avec subtilité et légèreté des sujets graves, notre invitée a pris le parti de chanter pour ses anciennes et futures générations.
Pour cela, quoi de mieux que de créer un pont entre modernité et traditions. Entre sonorités pop électroniques et afro-brésiliennes, le tout incarné en français et en portugais, et en acoustique.
Ce n’était pas le cas avant. Avant, c’était de l’électronique et de l’anglais. Des premières tentatives avaient été effectuées, dont l’une avec un immense succès d’estime il y a quelques années sous un autre nom, dans un univers électro plus proche de la science-fiction.
C’était beau prenant, mais ce n’était pas encore ça pour elle. Ce n’était pas encore complément elle. Il manquait quelque chose à cette perfectionniste dont la mue ne s’était pas encore effectuée.
Désormais, avec ce tout premier album au titre évocateur qui appelle à la dualité Noir Brésil (sortie le 28 mai), notre autrice, interprète, compositrice, dessinatrice, conceptrice de jeux vidéos qui utilise désormais son propre nom, reprend dans ses sons le caractère sacré de la nature : le feu, l’eau, le soleil pour mieux réparer les plaies d’un pays et de sa population et nous présenter une partie d’elle plus fragile.
Il paraît que sa mère lui a toujours dit que ce qu’on donne aux autres, l’univers nous le renvoie deux fois plus. C’est le cas ce soir pour nous. Voici Yndi dans Chambre noire.