Oyez, Oyez ! Que la fête commence !
Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, accueille la CAN, la Coupe d’Afrique des nations de football, du 13 janvier au 11 février 2024, la belle occasion pour s’enjailler durant près d’un mois !
Suivez nos guides, le photographe François Prost, explorateur visuel des clubs de la capitale et la star du zouglou Soum Bill.
Abidjan n’a jamais failli à sa réputation de capitale de la fête. Elle devrait le démontrer une nouvelle fois lors de la CAN, compétition panafricaine de football que la Côte d’Ivoire organise pour la deuxième fois. Supporters et touristes découvriront l’un des genres musicaux majeurs du pays, le zouglou, qui débuta, il y a une trentaine d’années, par ce qu’on appelait « l’ambiance facile », quand les jeunes de Babi (surnom d’Abidjan) animaient les matchs de foot avec force percussions et chants de soutien aux équipes.
Passé par les résidences universitaires, les revendications des étudiants contestataires et par la grâce des boites à rythmes, « l’ambiance facile » s’est muée en zouglou, style qui a tenu la barre de l’ambiance et des chroniques sociales jusqu’à nos jours, se croisant aujourd’hui avec d’autres tendances musicales telles le reggae, le coupé-décalé et le rap ivoire.
Notre invité, le chanteur Soum Bill, ex-membre fondateur des groupes Les Garagistes et Les Salopards, en est un beau représentant. ll est venu présenter Impérial, son dernier opus où thèmes socio-politiques, spirituels et festifs se côtoient gaillardement pour marquer 30 années de carrière. Parmi ses titres phares, “Changer le monde”, contre les violences sexuelles assénées aux enfants et jeunes filles, contre les profiteurs institutionnels ou les jaloux. Autre single extrait de l’album à découvrir en vidéo, un message d’espoir “Singah” (Ça va aller !), pour nous rassurer, quels que soient les ennuis.
Je ne pouvais que faire réagir ce chanteur et animateur de première sur les images du livre Club Ivoire, exploration photographique de plein jour des façades des discothèques d’Abidjan, de Grand Bassam et de Yamoussoukro, réalisé par François Prost aux Fish Eyes Editions. Le photographe et graphiste nous avait déjà conquis lors de la parution d’une exploration des discothèques de France, After party.
Cette fois-ci, c’est une facette inattendue de la Côte d’Ivoire qui nous est dépeinte par ces photos colorées et graphiques de clubs saisis dans leur environnement immédiat. Ils portent des noms très contemporains, TikTok, YouTube, Mont Blanc, Le Saint Germain et, plus classique, Taboo Lounge ou VIP discothèque, au total des appellations attrayantes qui valorisent et séduisent le noctambule venu partager sa part de rêve et de rencontres.
François Prost, motivé par son frère qui participe régulièrement au festival Maquis Electroniq organisé par le label Blanc Manioc, a décidé d’aller documenter les lieux de fêtes de la mégapole ivoirienne et parcouru la ville à vélo en plein jour ! Un circuit qui se présente en 144 pages, avec texte d’intro écrit par le journaliste « ambianceur » Vladimir Cagnolari, sous une couverture cartonnée orange vif, en format 14 sur 23 cm. À l’intérieur de ce bel objet, des séries photographiques introduites à chaque fois par une carte des emplacements des clubs nous invitent à refaire ces parcours.
« D’un point de vue photographique, c’est presque à voir comme un projet de photos de paysages à travers le prisme de ces lieux de fête. Quant au sujet que ça représente, je pense que les discothèques sont des lieux un peu “Madeleine de Proust” qui renferment beaucoup de souvenirs. Tout le monde a une histoire à raconter en discothèque… C’est un thème qui parle à tout le monde », précise François Prost.
Et Soum Bill de s’exclamer…
« Quels que soient les événements, la fête est un outil de résistance pour les Abidjanais ! Psychologiquement, on y retrouve du bonheur chaque soir…. Se rencontrer, pouvoir échanger, peu importe les étapes de la vie. »
« Dans le livre Club Ivoire, j’ai vu le Kotou, c’est là où tout a commencé avec les Salopards, il y a près de 20 ans. On y a fait notre premier concert, à Yamoussoukro. Je reconnais aussi le Life star, le Jet set à Abidjan au Plateau. On ne s’y aventure pas quand on ne se sent pas en confiance, car c’est une certaine catégorie de personnes qui fréquentent le Life Star. Nous autres, on se débrouillait à Yopougon, beaucoup plus accessible. Le Rex, c’est où j’ai organisé mes premiers spectacles live. L’effervescence de la rue Princesse n’est plus la même. Les maquis (bars populaires en plein air) se sont transformés en discothèque, car ça fait moins de bruit pour le voisinage, mais il y a toujours la fête et c’est le passage obligé. Venir à Abidjan et ne pas aller à la rue princesse, autant rester chez soi ! »
Vous l’avez compris, ne reste plus qu’à expérimenter ces ambiances inégalables et pourquoi pas pendant la Can avec ce message de bienvenue !
Rendez-vous avec Soum Bill en concert au Casino de Paris le 24 mai prochain et nous attendons les prochaines séries photographiques de François Prost, du côté du Japon…