Le compositeur et chef d’orchestre s’en est allé. Nous vous rediffusons à cette occasion les émissions que lui consacrait Nicolas Saada.
Il fut un temps, entre le début des années 90 et 2006, où Nova était la seule radio à diffuser de la musique de film à des heures de grande écoute. C’était avant le podcast, les rediffusions et le streaming : c’était Nova fait son cinéma.
À l’époque, j’avais l’impression avec Isabelle Gornet, la réalisatrice, de faire découvrir des pans entiers à un nouveau public de l’histoire cachée de la musique : notre seul guide, c’était notre oreille, notre goût, notre plaisir d’écoute, et aussi l’envie à chaque émission d’offrir à l’auditeur un film sonore, ponctué d’effets, de dialogues de films. Dans le panthéon des musiciens programmés dans l’émission, Ennio Morricone était une des stars. Mais j’avais envie d’aller un peu au delà de ses « tubes », magnifiques, composés pour Sergio Leone, et faire découvrir aux auditeurs les faces « B » de la carrière du maître.
Et très vite, on a programmé les musiques rares, en traquant les rééditions japonaises en CD, ou des vinyls épuisés. J’ai fait de réelles découvertes, et j’ai réalisé qu’il y avait plusieurs facettes de Morricone : le Morricone romantique, ironique, pernicieux, parodique, jazzy, déconstruit, romantique ou carrément « dark ». Ce sont toutes ces facettes qu’on peut entendre au fil des émissions programmées en rediffusion : le Morricone des « giallo », des « Série B », des films d’auteur qui n’ont pas toujours été distribués en France. Celui de La Donna invisibile, L’assoluto Naturale, Metti una sera a cena, Un Uomo da rispettare et des films de Dario Argento. Mais on écoutera aussi des morceaux plus inattendus, comme le thème presque funk de Cop Killer. Morricone a toujours imposé son style aux films dont il faisait la musique : c’est pour cela que ses compositions se passent assez souvent des images qu’elles étaient censées accompagner. Certaines des émissions qui passeront au cours de l’été sont presque des documents. Dans l’une d’elle, j’appelle les auditeurs à « voter ». C’était entre les deux tours des élections en 2002 : un pur suspense à la Morricone. Merci NOVA !!!
Nicolas Saada
Tracklist
Navajo Joe / Corbucci
Città Violenta / Sollima
Un uomo da rispettare / Lupo
Cop Killer / Faenza
Harcèlement / Levinson
Visuel © Getty Images / Jim Dyson