Nous avions adoré, et Bintou Simporé plus encore, le roman « La plus secrète mémoire des hommes », à tel point qu’elle avait tenu à discuter avec l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr.
Bonne nouvelle : ce quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr est lauréat du Prix Goncourt 2021.
Une série de récits qui repose sur le livre Le Labyrinthe de l’inhumain, publié dans les années 1930 par l’auteur culte, T.C. Elimane, écarté de la scène littéraire parisienne suite à des accusations de plagiat.
Mohamed Mbougar Sarr s’empare d’une histoire vraie, celle de l’écrivain africain Yambo Ouologuem qui a publié Le Devoir de violence à la fin des années 60, un livre qui a beaucoup marqué à l’époque – notamment avec le prix Renaudot – jusqu’à ce que les critiques littéraires se rendent compte qu’il avait plagié de nombreux autres écrivains, s’en suivit alors son retrait de la vente et son départ au Mali dans l’anonymat.
“C’est l’histoire d’une obsession, d’une quête, d’une enquête, d’un récit initiatique, d’une recherche de soi autant que d’une recherche de l’écrivain capital et de son livre essentiel »
Enquête, traversée du siècle, observation de la condition humaine, La plus secrète mémoire des hommes nous est racontée, dans le roman, par Tidiane, un jeune écrivain contemporain obsédé par le livre “essentiel” de son aîné…
Une histoire qui s’étale sur 3 continents – l’Afrique, l’Europe, les Amériques -, qui traverse le 20ème siècle à partir des années 30 et qui permet à l’auteur de se livrer à une réflexion sur le rôle et la place de la littérature dans nos sociétés, celle des écrivains africains et les clichés liés à l’appréciation de leurs œuvres. En voici un avant-goût dans Néo Géo Nova.
Né en 1990 au Sénégal, Mohamed Mbougar Sarr signe son quatrième livre « La plus secrète mémoire des hommes » paru aux éditions Philippe Rey et devient le plus jeune auteur lauréat du Prix Goncourt. Ses trois précédents romans ont également remporté plusieurs prix : celui d’Ahmadou-Kourouma pour « Terre ceinte » et son histoire des milices intégristes au Sahel, le Prix Littérature Monde du festival Étonnants Voyageurs pour « Silence du chœur » racontant le quotidien de migrants en Sicile. En 2018, cet écrivain dénonçait les condition des homosexuels au Sénégal dans son troisième roman, « De Purs hommes ».