L’Espace Julien sur le cours du même nom célébrera en 2024, ses 40 ans. C’est dire si cette salle de 1000 places debout et sa petite sœur (le Café Julien et ses 150 places) ont en vu passer des artistes et des publics dont ceux des premières Nuits Zébrées à Marseille.
– Racontez-nous l’histoire de la salle, sa philosophie, son identité ?
L’Espace Julien est depuis 1984 au cœur du centre-ville de Marseille, sur le Cours Julien, le quartier de créateurs. A l’image de la ville-monde, port de la méditerranée, l’Espace Julien, multiculturel et multigénérationnel, est un lieu vivant avec des résidences d’artistes, des formations aux artistes et aux étudiants des filières techniques et évènementielles et surtout des spectacles et concerts. Sa capacité est de 1000 places debout ou 600 assises, sans oublier le Café Julien avec ses 150 places. Pour beaucoup, l’Espace Julien est une salle mythique parce que lieu de leurs premiers concerts tant côté public qu’artistes et on pense là au rap marseillais avec les grands noms que nous connaissons tous aujourd’hui : IAM, Les Psy 4 de La Rime avec entre autres Soprano, La Fonky Family, 3ème Œil, pour ne citer qu’eux. Nous pourrions en faire de même avec la nouvelle génération et d’autres styles musicaux.
– Quelle est votre couleur musicale / ligne artistique ?
A la fois éclectique et à la pointe des tendances si ce n’est à l’avant-garde avec des artistes locaux, nationaux et internationaux. A nos débuts, humour (citons Pierre Desproges, Jango Edwards, …), chanson (William Sheller, Graeme Allwright, Stephan Eicher, Claude Nougaro, Jacques Higelin, …), rock (Dead Can Dance, John Cale, Indochine, …), jazz (Chet Baker, Stan Getz, Herbie Hancock, Chick Coréa, …), les musiques dites du monde (Gilberto Gil, Manu Dibango, Youssou N’Dour, Cesaria Evora, Pablo Moses, Angélique Kidjo, Seu Jorge…), puis le rap (Gangstarr, Afrika Baambata, Oxmo Puccino,…), l’électro (Laurent Garnier, Etienne de Crécy, Birdy Nam Nam, Wax Taylor, …), la pop (Chris Isaak, Muse, …), des musiques voisines et cousines (Screamin’Jay Hawkins, Mulatu Astatké, Anthony Joseph, …) ont fait leur apparition dans notre programmation. Des noms presque improbables pour la jauge qui est la nôtre !
Et disons que depuis, notre programmation est un mix de cette sono mondiale que nous avons voulu maintenir tel notre A.D.N. au lieu de nous spécialiser dans un style. A venir, citons entre autres : Hatik, Sébastien Tellier, Ben Mazué, Hervé, Yseult, Yelle, Scylla, Kid Francescoli, AZ, Dick Annegarn, Aaron, John Butler, Last Train, Didier Super, Klub des Loosers, Jok’Air, Berywam, Franglish, Donel Jack’sman, Mademoiselle K, Da Uzi, Camelia Jordana, Thylacine, La Femme… sans oublier notre cher Arno !
– Un des derniers événements / concerts programmés qui vous a tout particulièrement marqué.
Le concert – complet – d’Izia le 11 mars 2020, avec toute l’énergie qui est la sienne et l’osmose avec le public, interrompu par une alerte incendie dûe à des fumées dans la cuisine d’un restaurant voisin ! Évacuation du public, inspection par les pompiers… et reprise de plus belle du concert. Un souvenir marquant ! Nous ne savions pas alors qu’il serait le dernier grand concert « d’avant » et nous étions loin – malgré les aléas – d’imaginer à quelques jours près, ce que nous vivons encore aujourd’hui.
Il y a eu aussi les concerts assis de l’automne 2020 – dont Ausgang de Casey – avec tout le protocole en vigueur. Ces dates étaient importantes pour des 1ères retrouvailles avec le public qui était au rendez-vous.
Pour remonter plus loin – merci Radio Nova -, nous avons un souvenir ému de la 1ère Nuit Zébrée marseillaise en 2007, jusqu’aux 10 ans des NZ en 2014 fêtées en direct live audio ET vidéo sur le web avec deux autres villes en France. Une première rendue possible après des paramêtrages via hotline téléphonique entre les bureaux de Nova et la baie informatique de l’Espace Julien jusqu’à h-2 avant la prise d’antenne. Une autre époque mais de bons souvenirs.
Notons aussi une fameuse Nova Battle avec aux platines RKK & Bintou Simporé vs Beat Jewelers, le 1er décembre 2007. Respect ! De grands concerts de soutien (à Pone de la FF en septembre 2015, aux sinistrés de la rue d’Aubagne en décembre 2018,…) sont également des moments forts aussi bien pour l’Espace Julien que pour Marseille.
– Quelles sont vos projets / concerts / festivals / envies / utopies pour 2021 ?
Nous travaillons à la réouverture de l’Espace Julien. Nous avons donc déjà expérimenté les concerts assis avec le protocole anti-covid en place. Dans un esprit de solidarité qui a toujours été celui de l’Espace Julien, nous sommes également disposés à accueillir des concerts « export à l’Espace Julien » de salles marseillaises partenaires qui ne sont pas dans une configuration à même de recevoir artistes et public dans de telles conditions de protocole (cela a déjà été le cas à l’automne avec Le Molotov pour le concert d’Ausgang, ce sera le cas pour l’Affranchi avec Scylla le 16 octobre 2021), cela pourra l’être également pour d’autres salles !
Mais avant tout, même si nous continuons toujours à ouvrir nos portes aux artistes en résidence (Parade, Loo & Monetti, Isaya, Kaiwan, …) et aux étudiants en formation depuis fin 2020, c’est bien de pouvoir à nouveau accueillir en live les artistes pour une rencontre avec le public, sans protocole pour partager ce je-ne-sais-quoi qui fait que nous aimons nous retrouver dans une salle à taille humaine, pour vivre ensemble les émotions d’un commun avec nos singularités ; des moments mémorables que rien ne peut remplacer, dont nous avons besoin et qui font du bien aux humains que nous sommes. Cette année particulière en est la preuve pour qui en doutait !