Le 15 octobre à Paris, le cycliste Paul Varry était écrasé par un conducteur de SUV. Dix jours plus tard, l’émotion provoquée par le décès tragique du jeune homme est toujours aussi vive. En réaction, des mesures ont été annoncées par le gouvernement. Mais l’accident ne serait-il pas tout simplement une affaire de mâle ?
Il y a 10 jours, à Paris, sur le boulevard Malesherbes, Paul Varry, cycliste de 27 ans, a été écrasé sous les roues d’un SUV. Le jeune homme s’est fait percuter par un automobiliste devant plusieurs personnes après avoir donné un coup sur le capot du véhicule de celui qui venait de lui rouler sur le pied, alors qu’il remontait illégalement la piste cyclable sur 200 mètres.
« Ça aurait pu être moi«
L’émoi autour de ce décès tragique est encore intact. « Ça aurait pu être moi » ; « J’ai peur maintenant quand il y a une tension avec un automobiliste” : les discussions autour de la sécurité des cyclistes en France continuent de fuser, et plus seulement dans la capitale. Quelles leçons à tirer de cet événement ?
Les associations se mobilisent
« Ce n’est pas normal de sortir en ayant peur de se faire assassiner par une voiture« . Voilà le message qu’ont lancé les 150 personnes réunies devant l’Hôtel de Ville de Clermont-Ferrand ce samedi, après avoir organisé un concert de sonnettes en hommage à Paul Varry. Le parisien militait lui aussi pour le développement du déplacement à vélo avec l’association Paris en Selle.
Des mesures gouvernementales, mais…
Le gouvernement a réagi à la mort du jeune homme en annonçant une mission pour introduire de meilleurs aménagements pour les cyclistes, un durcissement des peines encourues par les automobilistes. Mais le plus important reste encore probablement l’éducation.
Et si le responsable, c’était la masculinité toxique ?
Une question mérite amplement notre intérêt : et si c’était la masculinité toxique au volant qui avait tué Paul Varry ? Selon une étude de l’association Victimes et Citoyens, les femmes ont 8 fois moins de risque de mourir dans un accident que les hommes. Pour ne rien arranger, la gent masculine cause 84% des accidents mortels et détient 84% des permis invalidés (Thierry Paret en parlait déjà en mai dernier sur Nova). Ces chiffres n’ont jamais paru plus actuels aujourd’hui… Il faut aussi savoir que 93% des conducteurs alcoolisés impliqués dans un accident sont des hommes. Quant aux morts ou blessés sur la route, 78%, soit la grande majorité, sont (encore) des hommes. À noter que la plupart des femmes blessées ou tuées étaient souvent sur le siège passager avant l’accident.
Une affaire de mâle
Les accidents de la route sont donc une affaire de mâle. L’État lui-même a soutenu cette idée à travers sa dernière campagne sur la sécurité routière qui évoquait “l’urgence de libérer les hommes des attentes sociales qui les incitent à associer virilité et pris de risques”. L’association Victimes et Citoyens explique également que “les hommes utilisent leur véhicule comme un outil de valorisation sociale qui accentue leur virilité« . La construction sociale genrée des hommes les pousse à croire qu’ils maîtrisent toujours leur véhicule. Au cœur des stéréotypes : la confiance en soi des hommes, « poussée de manière excessive sur la route, [qui cause inévitablement] des dégâts« .
Un problème d’éducation genrée
D’autres sociologues ajoutent à cette dangereuse énergie viriliste une éducation genrée qui est plus laxiste avec les garçons qu’avec les filles, en laissant les garçons libres de leur transgression et de leurs imprudences. Homme au volant, mort au tournant apparemment. D’autant plus qu’ils ont tendance à préférer les voitures de plus en plus grosses, par rapport à leur grosse… masculinité.
On rappellera enfin qu’en 2023, 226 cyclistes sont tragiquement morts sur les routes de France. Avant de refaire les pistes cyclables et de tout mettre sur le dos d’Hidalgo, il s’agit donc peut-être d’aller à la source : le papapa… patriarcat !