L’extractivisme forcené au service d’un capitalisme sauvage.
Au départ, le mot extractivisme définissait la sylviculture en Amazonie brésilienne, vu l’importance de ce que la forêt proposait à l’homme : de la nourriture au plantes médicinales ( sauf le bois), et toute la société qui en vivait.
Puis cette corne d’abondance est devenue un terrain d’exploitation totale, avec déforestation puis forage des sous-sols, et l’extractivisme devint hélas, le terme générique de l’extraction des mines et hydrocarbures, puis, devant la montée du phénomène, la définition de « toutes les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle. »
Aujourd’hui le phénomène est mondial, car toutes les régions exploitables du monde sont passées au peigne fin et la nature dans son ensemble : fruits légumes, sucres, bois, minerais et même l’eau et le sable sont la proie des vautours.
Et dans le monde entier , y compris en France, des résistances s’organisent devant ce pillage intégral, et ces luttes ont déjà des décennies de conflits en Amérique du sud, du nord, Afrique et Asie…
Le Passager Clandestin publie sur plus de 350 pages la somme d’informations que la journaliste Anna Bednik a réunie, notamment au cours de ses voyages en Amérique Latine. Le côté obscur de la mondialisation … Pour tous ceux qui veulent habiter cette planète en conscience, ce dossier répond à l’historique de ce phénomène, sociétés et gouvernements impliqués, pourcentages et bénéfices, nom des associations, théoriciens et luttes dans le monde entier.
Exemple: avec la raréfaction des produits et la demande croissante, la France relance ses mines, sans informer quiconque. Il faut scruter le journal officiel ou le site du ministère de l’industrie… et on a 3 semaines avant l’octroi du permis pour envoyer de simples remarques !Ainsi des élus locaux ne sont pas informés…
Seules des associations peuvent influer sur ces permis: le gaz de schiste en 2011 menaçait des destruction de sites et de détournement d’eau gravissimes. Mr Borloo avait tout autorisé sans état d’âme.
Il en va de même pour nos mines d’or , argent … des produits de séparation comme mercure ou arsenic ( cyanure pour le fer) sont extrêmement toxiques et dangereux. Les états sont souvent impliqués à 50% et plus dans la possession et la gestion de ces groupes miniers, ce qui est un peu moins dramatique que les acteurs privés qui se comportent comme de véritables pilleurs, mais on est loin de la responsabilité à long terme. Enrichissement et réserves restent les maitres mots.
Tout se résume à un seul mot : AVIDITE .
Comme le proclament les militants du monde entier : l’or n’est pas un nécessité de VIE ! (mais un bien de stockage, de réserve, de pouvoir, de stratégie purement économique, donc ne profitant qu’aux groupes puissants, avec lobbies pour agir). Les chiffres faramineux que ce livre donne par pays, par chapitres, par année… et les noms des multiples sociétés, la plupart jamais citées dans les médias, y compris les fabricants de matériel d’exploitation et les transporteurs, sont légions.
On y apprend aussi des mots nouveaux comme ces « vraquiers », mastodontes de centaines de milliers de tonnes transportant « en vrac » céréales ou minerais, gaz, pétrole…On les nomme bétaillers, céréaliers, butaniers, charbonniers, butaniers… L’échelle même des ces « extractions », montre qu’on ne s’encombre plus de « détails » humains, régionaux, ou moraux. Le « Bien Vivre » est loin .
Ce BUEN VIVIR, résistance lancée par les militants d’Amérique latine et les énormes réserves entamées dans la brutalité, le chantage et même le crime.
C’est le système de la DETTE ( Fond monétaire international et Banque Mondiale ont organisé emprunts et intérêts à vie…) les états ne peuvent alors plus freiner ou bloquer les extractions massives et localement, des milices font taire les habitants… L’extractivisme est un sujet trop important et chaud pour être ignoré… Nous devons au moins être globalement conscients, pour pouvoir réagir à une des plus grandes urgences du monde.
_EXTRACTIVISME . Exploitation industrielle de la nature: logiques, conséquences, résistances. Par Anna Bednik . Editions Le Passager Clandestin. 370 pages. 18 euros. ( Il existe de nombreux essais sur ce sujet. Voir dette et extractivisme sur net)