Quand l’art numérique se frotte au monde offline
10h dans le grand mix de Nova : c’est l’heure de la culture hors blockbusters, bouillonnante et émergente.
Et hier matin, on vous parlait de la galerie 22,48m², membre actif du réseau des galeries du « Grand Belleville » à Paris, et de son exposition UPLOLOLOAD.
La génération download et p2p est en train d’engendrer une révolution de l’art, qui joue les saboteurs du réel et moque (ou rend hommage ?) à la « réalité diminuée » de la vie réelle.
Chacun des artistes présentés à UPLOLOLOAD fait partie de cette génération. Ils tentent tous un « recodage organique » du numérique, pour faire entrer ce deuxième monde dans le réel.
On y retrouve par exemple Aram Bartholl, figure de proue de la nouvelle génération du Net Art, qui a pour habitude d’immiscer des éléments du net dans notre quotidien. Pour l’exposition, il a planté une clé USB sur le mur extérieur de la galerie. Laissée à l’usage de tous, chacun peut y déposer ou y prélever des fichiers, même tard dans la nuit, même le dimanche : une sorte de réseau peer-to-peer primitif, volontairement low-tech, qui nous rappelle l’immense valeur du troc.
Arnaud Cohen, quant à lui, crée des smileys souriants dans lesquels sont cachées… des pièces de monnaies datant de Vichy, pervertissant ainsi le message a priori sympathique envoyé par le pictogramme.
Caroline Delieutraz préfère s’attaquer à Google, répertoriant les mots-clés que le moteur de recherche associe aux livres qu’elle recherche, les imprimant sur des marque-pages pour finalement les disséminer dans diverses bibliothèques – une manière d’interpeller le lecteur en faisant surgir des pubs pop-ups dans la vie réelle.
Emilie Brout et Maxime Marion, après avoir transformé des scènes cultes de films en jeux vidéo interactifs, ont cette fois-ci décider de recréer leur scènes préférées avec l’aide de Google Maps. Stanley Kubrick, Sergio Leone, Federico Fellini, Francis Ford Coppola : les deux artistes reproduisent les mouvements de caméras de scènes légendaires, de manière tellement fidèle qu’elle confine à l’absurde.
Au final, ces artistes semblent signer l’échec du monde offline, qui vient s’écraser mollement sur celui de la réalité augmentée.
UPLOLOLOAD, jusqu’au 22 décembre à la galerie 22,48m²
30 rue des Envierges / 75020 PARIS
Du Mercredi au Samedi entre 14h et 19h.
Table ronde « L’art numérique est-il soluble dans l’art contemporain ? » le vendredi 23 novembre à 19h.