Bintou Simporé présentait dans La Plage Nova une seconde exposition majeure qu’elle a l’occasion de découvrir à Londres. Celle consacrée à l’artiste Faith Ringgold à la Serpentine Galleries.
En plus de l’exposition Get up, stand up now, generations of black creative pioneers, visible jusqu’au 15 septembre à la Somerset House, Bintou Simporé présentait dans La Plage Nova une seconde exposition majeure qu’elle a l’occasion de découvrir à Londres. Celle consacrée à l’artiste Faith Ringgold à la Serpentine Galleries, au cœur de Hyde Park, une artiste qui, depuis 50 ans, dénonce inlassablement la violence et les inégales sociales et raciales « pour que tout cela cesse ! »
Le travail de Faith Ringgold (née en 1930 à Harlem, New York) est, depuis un demi-siècle, des plus éclectiques : portraits à l’huile, collages, œuvres composées de patchworks de tissus ou de peintures bordées de textiles savamment combinés. Parmi les belles surprises de cette exposition, les quilts (courtepointes), admirables pour leur réalisation technique, l’association des couleurs et surtout les messages qu’ils délivrent. Connue pour les nombreux livres d’enfants qu’elle a écrits, Faith Ringgold, artiste engagée qui a grandi dans l’atmosphère de Harlem Renaissance (nom donné au mouvement culturel des noirs américains de l’entre-deux-guerres à New York), fut et reste militante pour les droits civiques, féministe et poète. Dans ces Serpentine galleries où l’accès est libre et les contributions de soutien bienvenues, vous suivrez un parcours chronologique, un parcours de vie où s’enchaînent les différentes périodes créatrices de l’artiste. American People dès l’entrée de l’expo pour évoquer en peinture ces années 60 de « Black power » et de lutte pour les droits civiques. Les posters politiques des années 70 conduisent même la provocatrice en prison pour sacrilège envers le drapeau américain.
Les années 80 et 90 la voient revenir à ces techniques de quilts que réalisait son arrière grand mère née esclave ! C’est, par exemple, le récit d’une saga familiale « Who’s afraid of Aunt Jemima » (1983) racontée à la manière d’un jeu de l’oie. De ces ouvrages traditionnels elle fait des grands formats dénonciateurs de la déportation des africains en Amérique dans « We came to America » (1997), avec ce bateau négrier en feu et ces naufragés se dirigeant vers une statue de la liberté incarnée par une femme noire. Autre oeuvre forte, cette femme qui protège ses enfants sur fond de drapeau américain ruisselant de sang (The flag is Bleeding, 1997).
À l’été 1967, à la Spectrum Art Gallery de New York, Faith Ringgold organisait sa première exposition personnelle. Plus de cinquante ans plus tard, son travail traverse enfin aujourd’hui l’Atlantique pour être exposé pour la première fois au sein d’une institution européenne. Il était temps !
Faith Ringgold. Du 6 juin au 8 septembre 2019, Serpentine Galleries, London, UK.
Visuels © Faith Ringgold