La chronique de Jean Rouzaud.
De « Birthday Party » au « Bad Seeds », et des années 80 aux années 2000, l’australien Nick Cave en fait quand même trop…Tour à tour Punk, Noise, Destroy, Dark Rock, Gothique, Blues, théâtral, intello, junkie ou grand allumé de la Bible…On ne sait plus très bien.
Grands tourments et scénarios apocalyptiques
Ce grand échalas au physique de Lee Marvin, ne cesse de jouer les grands tourmentés, écrits des textes et des scénarios apocalyptiques, et vend littéralement sa vie romancée et ses fantasmes de désespoir comme les albums successifs d’une carrière typée « sombre » !
Sa voix n’est pas exceptionnelle (il le reconnaît) et ses orchestrations « noisy », parfois grandiloquentes, doivent beaucoup au choix judicieux d’autres membres, musiciens éminents et salvateurs.
Par exemple le regretté Tracy Pew, issu du premier groupe « pur Punk » mondial et australien : The Saints ! Ou encore le talentueux Blixa Bargeld, guitariste du groupe rock Industriel Einstürzende Neubauten, inoubliable pour les performances au marteau piqueur ! Enfin Barry Adamson (ex bassiste anglais du groupe culte Magazine, d’Howard Devoto) + Hugo Race et Mick Harvey entre autres…
Savoir s’entourer est bien, mais être le seul nom et signataire des groupes successifs, malgré les apports capitaux de ces musiciens est un peu louche ! D’autres starlettes ont « empêché » les autres membres de groupe de signer des chansons et se sont ainsi tiré dans le pied !
Quel rapport entre une série de chansons sur le meurtre (mais je pourrais aussi dire la malédiction, la fuite, la violence, le poison…) Et lire des extraits des Pensées du savant du XVIIe siècle Blaise Pascal, si ce n’est pour impressionner le public.
Par ailleurs des scénarios, dont ce western « The proposition » (réalisé par son pote John Hillcoat en 2005), débauche de crasse de violence et de sang, gratuitement éclaboussée sous nos yeux effarés…
Intello écorché
On dirait que Nick Cave construit sa légende en tapant souvent au-dessous de la ceinture de son public : électrochoc et effets vampiriques entre Batcave et grand guignol à la Madame Tussaud (deux hauts lieux du Gothique londonien).
Mais tout cela a parfaitement marché et progressé jusqu’à faire de lui le personnage écorché, mais très intello que l’on sait, pas encore nobélisable, mais à la stature impressionnante pour public impressionnable, hypnotisé par un personnage plus que par un musicien.
Nick Cave, vrai balafré, demi génie sans morceau vraiment culte ?
Nick Cave and the Bad Seeds, Tender Prey de François Girodineau. Aux éditions Densité. 110 pages. 10 euros (analyse et conclusions d’interviews très bien faites et documentée, par un fan honnête, qui, lui aussi, agite quelques doutes d’insincérité sur le personnage, par ailleurs suractif, travailleur impressionnant…)
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