Après une année d’absence, le Festival Ahoy ressurgit en se mettant à l’heure de Donibane. Le décalage horaire va pas dérégler grand monde : ce n’est pas une contrée lointaine, c’est juste à l’autre bout de l’A63. Car Donibane, c’est Saint-Jean, en basque ; comprenez par là : Saint-Jean-de-Luz, code postal 64483. Mais reléguez à l’arrière-plan la bourgade bourgeoise chère à Anne-Sophie Lapix ; c’est davantage un esprit qui est appelé ici, de ceux qui au lieu de frapper trois fois préfèrent les quatre cents coups.
Pendant dix ans, Saint-Jean-de-Luz fut en effet la destination estivale incontournable, il n’y a pas d’autre mot, des mélomanes indie. La raison d’une telle migration saisonnière tient en un mot : Baleapop. Baléa pour les vacances, pop dans les écoutilles, et rares sont ceux qui n’y ont pas mis les voiles façon Bashung (« Marcher sur l’eau, éviter les péages, jamais souffrir ; juste faire hennir les chevaux du plaisir »). Le festival a baissé pavillon en 2019 (au même titre que son pendant montagneux, Usopop), « s’autosabordant » après moult bons et joyeux services, l’association Moï Moï s’orientant vers d’autres caps, faisant gonfler ses voiles par d’autres vents portants (webradio, concept store éphémère, etc.).
Sauf que certaines sirènes continuent de mélodier, ne fût-ce qu’en sourdine, d’entêtants fredons. Alors les activistes luzien.ne.s ont répondu à l’appel de l’IBoat pour accrocher un peu de baléapopisme aux basques du bateau bacalanais. Ahoy, vous disais-je ! Le Pays Basque lève les mains et se vit dans les coeurs bordelais. Le programme, élaboré d’un commun accord, d’échanges informels en boucles de courriels, navigue dans des eaux aussi sympathiques que familières aux publics de l’IBoat et de la Dia Radio. Éclectisme des tempos, défrichages, découvertes, curiosité intrépide et hédonisme indie à tous les étages, le tout servi par quelques ami.e.s de longue date, toujours fidèles aux rendez-vous, comme Botibol, l’ex-Crâne Angels, musicien pour Petit Fantôme aussi, dont les chansons indie-folk apporteront un contrepoint live et acoustique aux sarabandes de disques déployés par les mixes du Dia Soundsystem, de l’IBoat elleux-mêmes, de Baléonda ou des Biarrot.e.s de Musique d’Apéritif.
Bref, Ahoy #3, c’est trois jours de concerts et de DJ-sets, de blabla avec ou sans micro et de projections sur grand écran, de fripes, de surf-market, pour rameuter, sur les terrasses plagistes, les rois-soleils et les infantes, les corsaires, les mélomanes en chemisettes bariolées et les buveur.se.s de ttoro. Il y aura même un banquet gastronomique, avec Vivien Durand, chef étoilé au Prince Noir (Lormont), qui coiffera la toque pour le repas de dimanche midi – si jamais les tapas, pintxos et autres mignardises tout droit venues d’Euskadi n’ont pas suffi à rassasier votre estomac.
La proposition est belle, à vous d’en disposer, à présent. Mais on ne voit pas la raison valable qui pourrait vous faire manquer ça.