Depuis 2005, à Bordeaux, les années musicales se suivent et se ressemblent. Quelques jours après les embrassades sous le gui, la bûche glacée, les cotillons et la gueule de bois d’après-réveillon, elles démarrent véritablement avec la tenue du festival Bordeaux Rock.
Pour décacheter la nouvelle décennie, les bordorockeur.se.s n’ont pas fait dans le détail ou la demi-mesure. Du mercredi 22 janvier jusqu’aux heures les plus matutinales du dimanche suivant, de dorlotements acoustiques en secousses virulentes, il y en aura pour tout le monde, les plus rock d’entre vous comme les adeptes des dancefloors. Faisons ça dans l’ordre.
Après la projection, en guise de préface, d’un documentaire sur Joy Division et une conférence de Christophe Brault sur les années new wave (mercredi 22, entrée gratuite), il faudra le lendemain sortir vos cartes IGN du centre-ville à la recherche, non pas des sept Dragon Balls ou des sept sceaux de l’Apocalypse, mais bien des sept comptoirs et salles underground du « Rock En Ville ».
Une vingtaine de groupes locaux y seront disséminés, câbles dûment branchés et tout affairés à chauffer les amplis. Vieux briscards (l’ex-Gamine Paul Félix, Scarzello, Heartbeeps, etc.) et relève prometteuse (Pyramid Kiwi, Judith Judah, Stoner Bud’s, etc.) seront réunis lors de cette partie itinérante propice aux découvertes sonores. Mention spéciale de votre serviteur pour Desdemona, sensation garage-rock au blase shakespearien déjà aperçue en première partie des Bryan’s Magic Tears ou de Lame, et dont le personnel comporte des membres de JC Satàn, Cockpit et Prêcheur Loup à l’intérieur.
Le vendredi 24, jour du taureau d’après l’inusité calendrier républicain, la noirceur post-punk et les tonalités synthétiques mettront leurs habits de lumière. Il faut l’admettre, ce sera du brutal à la Salle des Fêtes du Grand Parc avec une grosse soirée EBM prête à encorner les imprudent.e.s. En forte tête d’affiche, les vétérans anglais de Nitzer Ebb qui ne se contenteront certainement pas d’agiter la fibre nostalgique. Mais aussi Frustration, piliers du label Born Bad, reconnaissables à leur synth-rock prognathe et industrieux, et le duo italophone Succhiamo, auteur d’un maxi incendiaire chez Antinote fin 2018.
Le samedi 25, rebelote au Grand Parc où se lèvera de nouveau le soleil rouge du festival. Les Girondins de Cosmopaark y joueront les éclaireurs indie-rock, avant le passage de Rendez-Vous, quatuor francilien habitué à agiter les publics comme un Polaroïd – ceux et celles qui étaient au Void il y a trois ans s’en souviennent encore.
Tout ça aurait déjà fait belle impression, mais c’est sans compter sur l’apport des troisièmes larrons, venus d’outre-Manche : le shoegaze de Ride. Ressuscité voici quelques années, le groupe mené par Mark Gardener et Andy Bell jalonnera d’une poignée de morceaux tout neufs un set dédié au noisy-rock 90s et à ces deux premiers albums, Nowhere et Going Blank Again, qui ne traînent jamais très loin du saphir chez nombre d’amoureux.ses des six-cordes électrisant avec grâce et altitude.
À la suite de quoi, les clubbeur.se.s ne seront pas ignoré.e.s. En conclusion de cette 16e édition, l’IBoat ouvrira sa cale all night long à la house de l’Autrichien Demuja, entre classicisme façon Kerri Chandler et veine lo-fi de la génération Soundcloud. Il ne sera pas le seul à officier derrière les platines ; seront également dans le coup Neida (issu du collectif Super Daronne) et le collectionneur de grooves Romare, malicieux protégé de l’écurie Ninja Tune.
On peut donc l’annoncer sans crainte à tou.te.s celles et ceux qui écoutent Nova Bordeaux : si vous ratez tout ça, j’espère que vous avez vraiment – mais alors vraiment ! – une bonne excuse.
Festival Bordeaux Rock #16, du mercredi 22 au samedi 25 janvier 2020, à Bordeaux.