Interviewer Beatrice Desgranges, la co-fondatrice en 1999 et toujours Directrice du festival Marsatac au lendemain de la conférence de presse où elle levait le voile, la robe et quelques dessous de la 24e édition du festival marseillais Marsatac (10 au 12 juin au Parc Borely), c’est entendre des mots venir et revenir à mes oreilles, des mots comme promesse et expérience du festival, choix artistique, frappe et futur, des mots repris, détaillés, expliqués, contextualisés à raison d’un mot ou groupe de mots par jour. Ça continue ici !
Les anciens se souviennent qu’au siècle dernier, lors de sa toute première édition, Marsatac programmait, sur deux soirs de février à l’Espace Julien et au Café éponyme attenant : Les Psy 4 de la Rime, La Fonky Family, Faf Larage, Le Troisième Œil, Carré Rouge, Appolo 13 les DJs du Don’t Sleep et d’autres encore. Ils n’ont surtout pas oublié ce tremplin en après-midi, où Keny Arkana prit le mic. Elle avait 16 ans et une rage qu’elle expulsait pour ne pas la garder dedans.
Festival hip-hop, festival de terrain, Marsatac a vu avant d’autres s’agiter sur la ligne d’horizon ou en fond de scène un bout du drapeau blanc qui mettait fin si ce n’est aux hostilités, du moins aux mépris des milieux électro et hip-hop, l’un envers l’autre. Pionnier du décloisonnement, il a très tôt mixé ses affiches proposant dans un premier temps des soirées plus électro et d’autres plus hip-hop. L’effet sablier qui filtre au goutte à goutte avant de re-mélanger, les artistes et le public ont terminé le travail. « Dès la deuxième édition, nous avons amorcé la bascule, excités par ces collab’ qui démarraient alors et dont nous sommes aujourd’hui coutumiers » « se souvient la Directrice de Marsatac. « Que le public suive nous permet d’être au plus proches des tendances du moment, de les accompagneret et pas juste sur le terrain du mainstream fédérateur. ».
Mission découverte
En croisant les esthétiques musicales, Marsatac offre la possibilité de la découverte. « C’est notre mission » clame Béatrice Desgranges. En trois dates et une cinquantaine de lives, DJ-set ou concerts, Marsatac déplace les lignes. À chaque jour, son éventail chargé en couleurs et en sons.
Vendredi
Le premier soir même si la nuit ne se fait qu’aux alentours de 23h, la tech’ min’ from Berlin d’Amelie (sans accent comme me le confirme le doss de presse -NdR), la pop hédoniste de French 79 et son show à savourer de nuit, le flow de Laylow devenu un modèle pour nombre de MC en herbe, l’électro éclectique de LSDXOXO et la drill londonienne de Central Cee dessinent un beau panorama, complété dans les interstices de leurs shows par autant de groupes, de producteurs ou de DJs inventifs, inspirés que tu n’avais peut-être pas vu venir.
Samedi
c’est presque trop avec dans le désordre plutôt que par ordre de passage : The Blessed Madonna, fourmillante DJ au mix punchy et fédérateur qui convoque sur le tempo house, disco, soul, rock, pop, acid ; mais aussi Zamdane, le rappeur marocain qui a fait ses classes ici, sur le Cours Julien ; Ziak un M.C. du 9.1. dont le blaze a pris du poids au lendemain de son passage aux dernières Transmusicales de Rennes et dont les observateurs avisés attendent qu’il passe un cap ici, l’Ecossaise Eclair Fifi qui a grandi entre les platines de ses vieux qu’elle a taquinées très tôt (les platines, ça c’est sûr) développant un groove imprévisible, extatique et lumineux à même de te retourner. Au jeu de la crêpe, le duo Gargäntua pourrait te mettre sur le dos en deux deux avec ses trash-tracks entre froideur, candeur… et chandeleur.
Dimanche
Le dernier jour, jour du seigneur par ici, jour du dieu Lolo pour un office de 3h : Régalade ! Ça suffirait presque à notre bonheur mais avec un mois bon poids comme on dit ici, d’avance sur les festivités du 14 juillet, Marsatac allume son propre feu d’artifice avec ce mix diurne de Laurent Garnier, le show de la tubesque et néanmoins engagée MIA ; la reformation du trio Moderat (Modeselektor et Apparat) ou le show du duo sino-tropical Bolis Pupul et Charlotte Adigery qui invente une autre musique synthétique de la Caraïbe. Reste encore quelques artistes dont lr nom n’a pas encore révélé, quelques derniers ajustements sur lesquels nous reviendrons en temps et en heure.
Cette 24e édition de Marsatac a des allures de réjouissante course de fond du son de plus de 30 heures – divisées sur trois jours et multipliées par 4 scènes. Un épais programme à digérer selon tes envies du moment et tes propres enzymes auditives.
(Marsatac du 10 au 12 juin au Parc Borely – Plus d’infos sur www.marsatac.com.). On ne se perd pas de vue et on se retrouve demain vendredi pour la fin de cette rencontre avec Béatrice Desgranges.