Interviewer Béatrice Desgranges, la co-fondatrice en 1999 et toujours directrice du festival Marsatac au lendemain de la conférence de presse où elle levait le voile, la robe et quelques dessous de la prochaine édition du festival marseillais Marsatac, c’est entendre des mots venir et revenir à mes oreilles, des mots comme promesse et expérience du festival, choix artistique, frappe et futur, des mots repris, détaillés, expliqués, contextualisés à raison d’un mot ou groupe de mots par jour. Ça par de là !
« C’est ce qui conditionne notre envie de festival que l’on soit organisateurs, artistes ou public » explique Beatrice Desgranges, la directrice du festival qui en connaît bien l’histoire car mobilisée dès la création de la manifestation en 1999. « Fabriquer un festival, c’est inventer des souvenirs communs entre tous les protagonistes de la manifestation.«
Une promesse de moment unique
« Pour nous qui avons souvent changé de lieu, intentionnellement ou pas » — parfois même contraints et forcés serait-elle en droit de dire — « nous avons toujours veillé à proposer une nouvelle expérience, un rapport différent au lieu, même et surtout lorsque que nous n’en changions pas » commente-t-elle avec passion. « Le moment du festival doit être unique. L’an passé après quatre éditions au Parc Chanot, nous avons basculé au Parc Borely, en août qui plus est, pour être le moins affecté par les restrictions Covid. Ce fut évidemment une petite année, avec deux scènes seulement et une jauge restreinte à 4000/jour, une année qui a tout de même impulsé une modification maousse costaud puisque nous sommes passée d’une programmation nocturne à diurne, changement que nous pérennisons cette année. »
+ de scènes, + d’artistes, + de journée
+ de plus et un surtout changement de paradigme pour Marsatac, de rapport aux musiques urbaines et électroniques qu’on associe trop souvent dans une sorte de réflexe pavlovien à la nuit. « Cette année, nous revenons en juin avec 4 dispositifs scéniques, des horaires qui couvrent les après-midis et ne dépassent jamais 2h du mat, avec l’envie de réunir 40 000 personnes du vendredi 10 au dimanche 12 juin. La scène principale — ou main stage dans la langue du rappeur londonien Central Cee qui s’y produira le 10 juin — sera posée comme l’an passé au pied du château et de sa belle terrasse pour les têtes d’affiche ou les spectacles nécessitant une belle ouverture de scène. La scène du lac est une scène immersive, une sorte de long couloir, de tunnel sans interruption de son pouvant accueillir jusqu’à 4 500 personnes ; parfait pour les sets électroniques. La scène de la prairie, elle, sera équipée pour les lives. Quant à la Frappe, c’est la scène de proximité, posée au niveau du public, que nous avons initié en 2019 au Parc Chanot et que nous n’avions pu réitérer depuis pour les raisons que l’on sait. C’est la scène du hip-hop marseillais. » précise la directrice ravie de cette mise en avant de la foisonnante scène locale.
+ d’espaces, + de fête, + de verdure
« La Covid nous a redonné envie de liberté, de ciel ouvert, de confort et de détente. Le Parc Borely s’y prête magnifiquement et nous soignons en ce moment tous les espaces qui hors des scènes vont permettre aux festivaliers de faire une pause gustative, de chiller dans une ambiance de kermesse. » Béatrice Desgranges ne souhaite pas en dire plus pour l’instant préférant réserver aux festivaliers la primeur de ces aménagements pensés conçus avec le collectif Arbuste, un ensemble d’artistes, d’architectes et de designers qui cherchent à placer le spectateur dans une position inhabituelle. « C’est important pour nous tout ce qui se passe autour des concerts et DJ-sets, car c’est aussi ça l’expérience du festival !« . A découvrir donc sur place du 10 au 12 juin ! Laurent Garnier que l’on connaît bien – il s’est déjà produit à Marsatac en 2008 sur l’esplanade qui accueille désormais le MuCEM et en 2013 lors d’un export à la Paloma (Nîmes) – Lolo comme l’appelle ses intimes a été séduit par l’idée de proposer cet année un set de 3h en plein jour. « Forcément, on sort du cadre habituel et on ancre le souvenir ici dans ce parc à deux pas de la mer » précise Béatrice Desgranges.
Cette expérience qu’ils souhaitent unique, est dument réfléchie par les organisateurs de Marsatac. Ils ont ainsi élaboré avec la participation d’équipes techniques qualifiées, Safer, une appli dont le but « est de réduire le harcèlement sexiste et les violences sexuelles en milieux festifs » commente Beatrice Desgranges. « C’est à la fois une application d’alerte et une plateforme de sensibilisation en ligne. Elle a été travaillée par Marsatac pour Marsatac et d’autres festivals déjà intéressés. Pour ce qui est de des tarifs du festival, Marsatac a veillé à ce qu’ils restent raisonnable : « 39 € par soir. Un pass 3 jours à 90 €. Un pass samedi et dimanche à 55 € ont été mis en place ainsi que des formules early, toutes épuisées rapidement pour ces dernières. Pour ce qui est des tarifs réduits aux bénéficiaires du RSA et aux demandeurs d’emploi, il faut pour en bénéficier récupérer en amont sur le marsatac.com, un formulaire à remplir. Le Pass Culture permet aux 15 / 17 ans de régler tout ou partie de leur billet. ».
(Marsatac du 10 au 12 juin (18h à 2h le vendredi, 14h à 2h le samedi et midi-minuit le dimanche) au Parc Borely – Plus d’infos sur www.marsatac.com.). On ne se perd pas de vue et on se Marsatac demain encore et jeudi pour la suite de cette rencontre avec Béatrice Desgranges.
Festival Marsatac, 10, 11 et 12 juin au Parc Borély de Marseille. La programmation complète est ici.