Un tour de la Plaine Commune en musique, de Saint-Ouen à la Courneuve en passant par Saint-Denis, Épinay-sur-Seine, Aubervilliers, Stains, et Villetaneuse, c’est le programme de ce festival itinérant dont l’édition 2023 se tenait du 4 au 16 juillet.
Le Festival de Saint-Denis existe depuis 1968. Il soufflait donc ses 55 bougies. Prenant place dans la basilique Saint-Denis, il propose de nombreuses créations expérimentales autour des musiques classiques et traditionnelles.
C’est avec la création de Plaine Commune, une association de neuf villes dans un projet culturel et créatif commun, qu’est né le Festival Métis Plaine Commune. Son but ? “Construire une identité culturelle commune à l’ensemble du territoire” explique Nathalie Rappaport, la directrice des deux festivals.
Faire se rencontrer les musiques
Si le Festival de Saint-Denis propose donc une programmation autour des musiques classiques et traditionnelles, le festival Métis Plaine Commune s’inscrit plutôt dans une démarche inverse : une programmation musicale de tous les horizons et de tous les genres, mais dont les musiciens ont une base classique et une certaine technicité.
“Aujourd’hui, on a moins besoin de faire se rencontrer les musiques. C’est ce qui a vraiment bougé depuis le début de Métis, où l’on était un peu obligé de susciter ces rencontres, avec des artistes issus d’une double culture par exemple. Maintenant, les artistes écoutent beaucoup des musiques d’autres horizons et les rencontres se font d’elles-mêmes. C’est assez passionnant”, s’enthousiasme Nathalie Rappaport.
“La Caravane Métis”
La Caravane Métis, c’est-à-dire les concerts programmés par ce festival itinérant, proposait plusieurs événements pour voyager dans le territoire de la Plaine Commune, et plus loin…
Au cœur du parc Frédérick-Lemaître à Pierrefitte-sur-Seine, on a pu assister à une composition assez exceptionnelle, “Fado em movimento”, née de l’association de Cristina Branco, chanteuse de fado, accompagnée par Bernardo Couto à la guitare portugaise et de l’Ensemble des équilibres en trio dirigé par Agnès Pyka.
Le lendemain, rendez-vous à Aubervilliers, au Point Fort pour le concert de Crimi. Inspiré de sa grand-mère, le chanteur a mélangé les chants siciliens qu’elle lui a transmis avec ce qu’il a appris aux côtés de Sofiane Saïdi pour créer quelque chose de très personnel.
Une nouvelle formule
L’édition 2023, c’est à la fois l’anniversaire des 20 ans du Festival Métis Plaine Commune, mais aussi la consécration d’une nouvelle formule.
“Avant, le festival avait lieu au mois de mai et on était principalement en intérieur. Puis, avec la pandémie, comme tout le monde, on a dû s’adapter. Le festival a lieu au mois de juillet et en extérieur dorénavant. Le fait de faire le festival en extérieur, ça nous a aussi permis de rendre tous les événements gratuits et accessibles sans billets” explique Nathalie Rappaport.
Le but de cette nouvelle formule, c’est également de proposer tout au long du festival, des ateliers et activités pour tous les âges, mais aussi des concerts pour toutes les générations avec le parcours Jeune Public Métis. Et cette année, le Collectif Ubique a présenté le 11 juillet à Sains une adaptation théâtrale et une création sonore de La belle au bois dormant.
“Le Village Métis”
“Le Village Métis”, c’est le “week-end Temps Forts” du festival : trois soirées de concerts rythmées par deux journées d’ateliers, du vendredi 7 au dimanche 9 juillet, dans trois villes différentes. Le week-end a commencé avec la découverte des fresques de Babcock, une visite menée par l’historienne de l’art Thomasine Zoler, sur fond de musique traditionnelle italienne du groupe fraternel Télamuré.
Programme bien rempli pour les journées de samedi et de dimanche qui commençaient par un éveil musical avec Marion Gomar suivi de jeux dans les ludothèques du coin, avant de finir avec l’atelier photos de Marcela Barrios. En fin d’après-midi, pour reprendre des forces avant les concerts, on fait également un tour à l’atelier rouleaux de printemps…
1er arrêt : Épinay-sur-Seine (ou Épinay-sur-Scène pour l’occasion)
C’est à L’Éclair, nouveau centre culturel à Épinay-sur-Seine, que le Festival Métis Plaine Commune a posé ses bagages, le temps de la seconde soirée de son week-end “Temps Forts”. Le groupe Sarab ouvre le bal avec un concert électrique : guitare, trombone, basse, batterie et claviers font corps avec la voix de la chanteuse, associant le rock, le jazz au patrimoine musical syrien et égyptien.
Une fois le soleil couché, le chanteur et musicien camerounais Blick Bassy nous offre un show poétique et politique. Artiste pluridisciplinaire aux multiples casquettes comme il aime se définir, il nous annonce justement la création de son collectif Today not Today et son festival Green Secret Journey avant de nous parler de son dernier album, Mádibá : “L’eau est géniale dans le sens où c’est d’abord un élément vivant indépendant. Mais elle vient nous rappeler aussi qu’elle fait le lien entre tous les vivants, puisque l’humain est composé de plus de 75 % d’eau, les arbres sont composés d’eau, tous les vivants sont composés d’eau.”
2ᵉ arrêt : Saint-Denis
Déjà reparti pour d’autres horizons territoriaux et musicaux, le Festival Métis Plaine Commune achève son week-end “Temps Forts” dans le parc de la Légion d’Honneur à Saint-Denis.
18h30, l’heure du premier concert a sonné. Le musicien et chanteur sénégalais Faada Freddy, dont l’album Gloden Cages sortira à la rentrée après la sortie récente de son EP Tables Will Turn, ambiance les festivaliers en les faisant vibrer au rythme de sa voix et de ses percussions corporelles : “C’est un choix que j’ai fait d’utiliser le corps parce que j’avais envie de retourner à l’humain, tout simplement. Je laisse de côté les instruments, pour retourner au naturel et pour faire entendre la fragilité de la voix. Je danse aussi en composant, parce que je trouve que la danse, c’est l’expression physique de la musique que nous faisons.”
En discutant avec lui de la dimension corporelle de sa musique, il en vient à nous expliquer son processus de composition : “Quand je compose, les musiques me viennent sous la forme de mélodies. Les notes, qu’elles soient tristes ou joviales, m’amènent à l’environnement que je crée. Je visualise l’environnement, la vie, la société, les ressentis. Ma musique, c’est ça, c’est retranscrire les vécus pour essayer de débattre de vrais sujets de la société. C’est comme si je devais sauvegarder quelque chose, un souffle, un murmure, que mon oreille intérieure perçoit, et le transcrire en musique de la manière la plus respectueuse et la plus belle, parfois même la plus moche, possible. ”
La soirée continue avec le concert bien chorégraphié de la chanteuse pop-rock Jeanne Added, avant de se clôturer par le set, plus que dansant, du collectif Acid Arab (que l’on n’a plus trop besoin de vous présenter sur Nova).
Il n’est pas trop tard pour rejoindre “La Caravane Métis”, qui se transformera en “Bateau Métis” sur les rythmes de l’accordéon de Félicien Brut et de la guitare de Thibaut Garcia, le temps d’un concert flottant le samedi 15 juillet, départ à 15h30 au parc de la Villette. Dernier arrêt de la Caravane, dimanche 16 juillet au Parc départemental Georges Valbon à la Courneuve, pour un concert en hommage à la déesse de l’eau et des rivières, Anahita, donné par la chanteuse franco-iranienne Ariana Vafadari. Le rendez-vous est fixé.