À celleux qui l’avaient loupé lors de son passage en salle cet été, lorsqu’il était venu conclure la deuxième édition d’Écran Total (dont Nova vous a parlé ici-même), session de rattrapage ! Et de la belle, attention, chiadée, polie, époussetée aux entournures. Dernière oeuvre en date de Kelly Reichardt, cinéaste US formée à la bonne école d’un Hal Hartley et, surtout, réalisatrice-scénariste-monteuse d’Old Joy ou Night Moves, First Cow ramène ses bobines au cinéma Utopia pour une projection-concert qui fleurera bon l’Ouest américain.
(Note : On le signale aux intéressé.es, Kelly Reichardt fait l’objet ces jours-ci d’un ouvrage monographique, L’Amérique retraversée, écrit par Judith Revault d’Allonnes. Fin de la parenthèse.)
Sur l’écran, les aventures rocambolesques – vers 1820 – de deux traînes-savates, deux mendigots pétris d’espoir et de gniaque, attendant tout de ces promesses que semble leur avancer cet ailleurs, ce quelque part dans le Land of Dreams. Otis « Cookie » (John Magaro), cuisiner sans un flèche, et King-Lu (Orion Lee), émigré chinois, se lancent dans le commerce de beignets, en self-made-men débrouillards qui n’hésitent pas à mordiller sur la légalité, volant le lait de la seule vache du coin pour l’incorporer à leurs pâtisseries. Ce qui n’ira pas sans provoquer quelques algarades et poulopes à perdre haleine lorsque le pot-aux-roses sera découvert.
À la fois intrigue indé, conte malicieux et western contemplatif (un western où l’on compte, pour une fois, plus de vachers que de cowboys), traversé de plans d’une grande beauté – de regards, d’humanité, de forêts luxuriantes – First Cow a quelque chose du Dead Man de Jarmusch. Avec un nuancier de couleurs en plus.
Une projection qui sera ponctuée par quelques mélodies acoustiques, venant compléter la bande originale americana de William Tyler : ce seront celles de Castro Camera, groupe bordelais qui joue folk (ou post-folk, selon les étiquetages) avec un imaginaire très tourné – son nom en témoigne – vers l’outre-Atlantique. Parcourant les sillons creusés par Lambchop ou Radiohead, flirtant parfois avec le post-rock, ce showcase de Castro Camera vous permettra de solder la semaine avec, dans les oreilles, quelques balades vogue-à-l’aventure de loner, comme juché.e sur un promontoire canyonesque d’où la vue s’égare sur de gigantesques étendues.
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