En 2017, plus de 550.000 américains sont repértoriés comme sans-abri. A elle seule, la Californie recenserait peu ou prou un quart de cette population. Si on rétrécit la loupe sur Los Angeles, ils seraient environ 57.000 à vivre dans la rue. Un quartier de la ville, les concentre plus que les autres : Skid Row.
C’est là bas, qu’Alina Skrzeszewska a posé sa caméra pendant plusieurs années, pour s’attarder sur une catégorie encore plus défavorisée que les autres : Teri et Tianha sont donc SDF. Mais aussi femmes. Noires. Lesbiennes. Un cumul – on ne compte même pas les troubles mentaux d’une des deux ou son alcoolisme- qui n’est pas des plus favorables dans l’Amérique de Trump, mais ce n’est pas la démonstration que veut faire Skrzeszewska.
Game girls est avant tout une copieuse tranche de vie de ce couple, entre la difficulté d’avoir accès aux diverses aides, scènes de ménages et de réconciliation, mais surtout de solidarité entre âmes sœurs partageant un quotidien de galère. Mieux que des statistiques alarmantes, ce documentaire donne un visage, une incarnation à ces nouveaux damnés de la Terre.
Pas question pour autant de sombrer dans le misérabilisme ou l’angélisme : Teri et Tianha ne sont jamais montrés ni comme des victimes ni comme des assistées. Pas plus qu’elles ne sont forcément aimables. Skrzeszewska les filme autant dans leurs moments d’enthousiasme à chaque micro-victoire remportée auprès des institutions que dans leurs emportements ou leurs épuisements. Skid row, entre cour des miracles et zone de semi-guerre urbaine renforçant la sensation de sempiternel parcours du combattant pour ces deux écorchées vives.
Les récurrentes scènes filmées dans un atelier d’aide thérapeutique confirment qu’elles sont loin d’être les seules dans un état de survie mentale comme pécuniaire. Game Girls se fait alors un portrait bien plus global que celui de Teri et Tianha : celui d’un système social et politique en si mauvais état qu’il ne peut qu’engendrer qu’une génération de femmes brisées parce que prisonnières de ses règles.
En salles le 21 novembre.
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