Histoire de consoler tous ceux et toutes celles qui n’auraient pas trouvé dans la frangipane la fève qui leur aurait offert un guillotinage premier choix en 1792, la Manufacture – CDCN vous fixe un rendez-vous. Et un beau, s’il vous plait ; pas l’un de ceux à qui on pose sans vergogne des lapins de garenne bien dodus pour filer à l’anglaise, les mains dans les poches, en sifflotant.
Conçue par le chorégraphe Alban Richard, également directeur du Centre Chorégraphique National (CCN) de Caen, Fix Me est une pièce qui joue de ses tensions internes, exposées plein fer dès son titre. « Fix me » ? Ça peut tout aussi bien dire « regarde-moi », « répare-moi », « fixe-moi », « fige-moi ». Pas simple dans cette polysémie de trouver le sens dans lequel il faut tirer. Cela dit, c’est pas forcément un inconvénient : on évite à bon compte les simplismes et les pas trop bien cadencés.
« Le travail que je voulais faire sur Fix Me, dixit Alban Richard, c’est par rapport au pouvoir que peut avoir la musique. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment le corps des interprètes lui résiste, d’aller chercher les moments de frictions pour que le spectateur se questionne sur « qu’est-ce que je suis en train d’entendre ? ». Parce qu’entre la danse et la musique, oui il y a du dialogue, de la porosité, mais souvent on oublie de parler des questions de domination. C’est pour ça que j’essaie de proposer des corps qui ne vont pas sombrer dans la musique mais vont pouvoir travailler à leur propre autonomie rythmique, à leur propre indépendance, sur tout un jeu d’associations, de colonisations, de prises de pouvoir sur la musique – si c’est possible. »
Tiens, justement, parlons-en un brin, de la musique. Sur scène comme sur l’image ci-dessus, vous remarquerez, très affairé au milieu de ses claviers, un certain Arnaud Rebotini. Si le grand public a découvert le talent (et le goût pour la gomina) du massif bonhomme l’an passé avec la B.O du film 120 battements par minute, les mélomanes que vous êtes (que vous soyez ou non versé.e dans l’électronique) connaissent ce nom depuis quelques lustres déjà, via l’enseigne parisienne de Rough Trade au coeur des 90s, puis le duo Black Strobe, avant sa carrière en solo.
Un parcours qui le mène aujourd’hui sur les scènes de la danse contemporaine, où vous pourrez le croiser au coeur de ce mois de janvier. Et gratos, en plus, avec le mot de passe Nova Aime. Enfin, ça, c’est si le sort vous sourit de ses dents blanches. Tentez votre chance, et vous serez fixés.
Fix Me, d’Alban Richard, le jeudi 17 janvier à 20h00 à La Manufacture – CDCN