Il y a quarante aujourd’hui mourrait Bob Marley. Il y a un peu moins de 39 ans. Baba Squaaly et un peu moins de 50.000 personnes lui faisaient la fête au Bourget !
J’aime le temps long, j’aime donner du temps au temps comme disait François Mitterrand qui revient beaucoup en ce moment, vous ne trouvez pas. Presque autant que Bob Marley. Pourtant, je ne crois pas celui qui n’était pas encore Président de la France, juste candidat alors était au Bourget le 3 juillet 1980, pas plus que Jack Lang d’ailleurs. Je ne les ai pas croisés, et personne ne m’a dit les avoir vu. Le plus dingue, c’est que Président, François Mitterrand l’est devenu la veille du décès de Bob Marley. Drôle d’époque !
Au Bourget, le 3 juillet 1980, moi, j’y étais. Au Bourget, le 3 juillet 1980, j’allais pénard vers mes 19 ans. Au Bourget, le 3 juillet 1980, je n’étais pas seul. On était 47000, parait-il à avoir acheté notre place pour ce concert unique à plus d’un titre. Unique parce que c’était celui de Bob Marley, un prophète vivant – ils sont rares de nos jours – un prophète qu’on pouvait toucher ou du moins espérer toucher, un prophète qui fumait le pet’, chantait à tue-tête et tapait dans le ballon avec les pieds ou la tête. Un prophète qui disait la vie des gens de peu, un prophète qui parlait d’amour, de paix et d’unité et traçait de sa voix les contours de Babylone. Unique aussi, parce que jamais au grand jamais, autant de monde n’avait été réunis en France auparavant dans la même enceinte pour un même concert. Un mois plutôt, le Pape Jean-Paul II n’avait rameuté lui que 22000 personnes pour son show gratuit, son homélie comme on dit. Aucun rapport, me diriez-vous… Aucun rapport, OK… mais quand même ! Un pape chasse l’autre, était une formule qui courrait alors les rédactions. Le Pape du Reggae était dans la place et moi aussi ! Pour de vrai !Je pense qu’il me reste comme une relique ou un saint suaire, le billet de ce concert dans un carton de déménagement que je n’ai toujours pas déballé, car plein de souvenirs que j’emporte d’appart en appart, que je conserve pour le jour où je serais vieux et que la mémoire viendra à me manquer, qu’il me faudra des preuves pour être sûr d’avoir vécu ces bouts de vie dont on me parlera. Le 3 juillet 80 au Bourget, je n’avais pas encore 19 ans et j’aspirais déjà à plein poumon le hash du mot haine pour ne recracher que des volutes de paix. 40 ans plus tard, je ne me souviens même plus du stress du passage des barrières et du sentiment partagé de libération qui a suivi quand chacun a sorti de son slip, de la capuche de son Kway ou de ses chaussettes son précieux matos. 40 ans plus tard, je ne me souviens pas de grand-chose, plus de 40 ans de weed, fut-elle à l’ancienne et un léger trauma crânien ont probablement eu raison de mon disque dur interne. Pourtant, je sais que le 3 juillet 1980, j’étais au Bourget, que voulez-vous de plus ? Sans remonter 40 ans, en arrière, si je vous demande ce que vous, vous faisiez le 3 juillet 2011, il y a dix ans tout juste, je ne suis pas sûre que vous puissiez répondre à ma question. Réfléchissez-y, vous avez au moins jusqu’à demain pour ça d’autant qu’il est sûr qu’à 7/40 demain mardi, j’aurai oublié ma question et qu’on parlera d’autre chose !