Vous cherchez des tubes ? C’est dommage.
Vous êtes compositeur de musique pop et électronique, dans son versant très expérimental ? Vous avez en votre possession le même type d’objet bizarre (c’est peu probable) que publie aujourd’hui Flavien Berger, ce producteur et chanteur français qui porte le nom d’une étoile et d’un chanteur – le genre qui veut chanter pour ceux qui sont loin de chez eux – qu’on vous joue sur Nova depuis un bon moment maintenant ? Ne l’envoyez pas immédiatement à un label, aussi sympathique et ouvert d’esprit soit-il (comme Pan European Recording, la maison de disques qui sort ceux de Flavien Berger). Assurez-vous plutôt d’abord, comme Flavien tiens, d’avoir fait paraître quelques éléments discographiques (pour lui, le dernier en date, c’était Contre-Temps, 2018) qui se seront chargés de donner quelques repaires à ceux qui vont écouteront. Ça risquerait, dans le cas contraire, de ne pas pleinement fonctionner.
« L’idée c’est de vous faire écouter les morceaux en cours, là où j’en suis, là où j’aimerais aller. C’est un instantané de travail ». Le principe du nouvel album – surprise ! – de Flavien Berger, en fait, est tout simple. Et réservé aux initiés. C’est un genre de disque collaboratif, qui n’en est pas vraiment un, puisque vous n’avez pas, dans les faits, votre mot à dire. « Voici 18 pistes inédites datant de 2018 lorsqu’il expérimentait ce qui deviendra alors l’album Contre-Temps », nous précise un communiqué de presse qui nous indique aussi que l’album doit bien s’écrire radio contre-temps, avec des minuscules sur toutes les lettres. S’il vous plaît, faites-en de même quand vous l’écrirez.
À l’écoute de ces chutes (libres), on pense un peu, et notamment sur des titres comme « microsono » (très drôle et très bon) ou « l’auraucaria », à la bizarrerie Contrebande 01. Disque de Noël, qui ne parlait pas du tout de Noël (il était sorti à cette période par contre) mais de jazzmen qui ne rendent pas la monnaie sur des billets de 20 balles et de pizzaïolos sympathiques (Luigi, c’est le nom du restaurateur), un disque qui était sorti quelques mois après Léviathan, son premier « vrai » album qui avait confirmé tout le bien qu’on pensait d’un artiste qui se montrait donc capable d’être aussi bon sur des formats pop (« La Fête noire », « Gravité ») que sur des formats très allongés et très bouclés (« Gilded Glaze », « Océan Rouge », « Radio Rover ») via lesquels on le connaissait alors.
Sur radio contre-temps, ce sont des improvisations, des essais, des tentatives, des enregistrements pleins d’une poésie décalée qui vous sont proposé. C’est la manifestation, surtout, de l’esprit d’un type qui ne se met pas tellement de barrières, et qui préfère, c’est donc l’idée, avancer à son rythme, à contre-temps donc. Pour l’écouter, on y vient, c’est ici.
Alors, Flavien Berger est un être follement libre. Et comme vous l’êtes aussi, on vous laisse vous faire votre avis sur ces morceaux qui, allez savoir, existeront peut-être un jour pour de vrai. Pour ça, guettez Flavien sur les réseaux, avant qu’il ne remonte dans cette soucoupe volante dans laquelle il a bien failli s’envoler l’autre soir, via la Nova Book Box. Ou allez directement le voir les 2 et 3 décembre prochaines au Casino de Paris, pour sortir de l’habit de stalker ordinaire que vous avez enfilé en restant le nez plongé aussi longtemps sur les réseaux sociaux.
Visuel © Sarah Salem